Une lutte, surtout lorsqu’elle est victorieuse, affecte sur le long terme le territoire concerné en dépassant bien souvent le domaine précis du conflit. Le cas du projet de barrage de La Borie, dans le Gard, permet de l’illustrer.
Une lutte, surtout lorsqu’elle est victorieuse, affecte sur le long terme le territoire concerné en dépassant bien souvent le domaine précis du conflit. Le cas du projet de barrage de La Borie, dans le Gard, permet de l’illustrer.
Des dizaines de victoires écologistes se sont construites avec l’occupation, plus ou moins longue, de lieux à défendre ou de chantiers à arrêter. Perspectives philosophiques sur ce que construisent les corps engagés.
Tout commence par une enquête publique, procédure obligatoire de consultation de la population quand un projet affectant l’environnement veut s’installer. À Saint-Nazaire-en-Royans, commune drômoise de 800 habitant·es, cette procédure révèle un projet mené en toute discrétion par la mairie. Une carrière d’extraction à l’explosif va s’implanter sur la petite montagne surplombant le village : le mont Vanille. 3 millions de tonnes de roches calcaires seront exploitées sur 30 ans.
Certaines victoires juridiques font figure d’avancées importantes dans la reconnaissance de problèmes, la légitimation de méthodes d’action par le droit. C’est le cas de la décision du tribunal de Perpignan au sujet des OGM en 2020, comme nous l’explique Louis-Dominique Auclair, du collectif Les Faucheurs volontaires.
En 2020, à Saint-Jean-de-Luz, au Pays basque, la mairie s’associe à une multinationale pour construire une piscine géante de 155 m de côté, dotée d’un générateur de vagues artificielles. Après une mobilisation victorieuse, François Verdet, surfeur et militant pour le climat, raconte la stratégie élaborée pour venir à bout du projet.
Hors de la métropole, les luttes contre les projets néfastes font aussi rage, questionnant la vocation que les politiques néocoloniales à la française donnent à ces territoires.
Au cours des luttes, comme à Bure ou Notre-Dame-des-Landes, la répression contre les militant·es a été dure et longue. Des mains arrachées, des blessures graves, de nombreuses condamnations (gardes-à-vue à répétition, prison ferme, amendes) ou assignations à résidence émaillent nos mobilisations.
En 2010, le ministère de l’Écologie octroie à des compagnies comme Total et GDF Suez, sur tout le territoire français, des permis exclusifs de prospection d’hydrocarbures non-conventionnels. Un article de Fabrice Nicolino dans Charlie Hebdo en octobre allume la première flamme.
Au nord-est de Briançon, la Clarée a creusé une vallée aux confins des Hautes-Alpes. Entre les deux villages de la vallée, Val-des-Prés et Névache, le col de l’Échelle permet de passer en Italie. Convoité depuis les années 70 par les aménageurs, les habitant·es de la vallée réussissent à deux reprises à empêcher qu’il soit éventré par un tunnel…
En Allemagne, des villages continuent d’être rasés pour permettre l’extension de gigantesques mines de charbon à ciel ouvert et alimenter les centrales thermiques. Quelques victoires arrivent pourtant…
En 2004, Jacques Rouxel, nous quittait. C’était le dessinateur des Shadoks (1), des créatures absurdes par excellence, qui pédalaient toujours pour rien. Aujourd’hui, on en a une parfaite illustration avec le réacteur atomique EPR de Flamanville. La réussite toute relative de l’EPR, alternant surcoûts abyssaux et retards conséquents, nous renvoie à l’un des principaux aphorismes shadokiens affirmant qu’en essayant continuellement, on finit par réussir… ou pas !
Dans les années 2000, SEPANSO, fédération écolo historique de Bordeaux, mène la fronde contre un projet autoroutier, aux côtés du collectif national STOP-Autoroute. Un vieux projet qui depuis refait surface sporadiquement sans jamais se matérialiser…
L’hiver est arrivé, et avec lui l’air froid - et la neige parfois – en Europe. Plus loin de nous, au Canada et au Groënland, des communautés inuites vivent tout ou partie de l’année avec un sol gelé, trop dur pour y enfouir les déchets. Ces derniers sont donc brûlés à ciel ouvert à proximité immédiate des habitations (1).
Dans les années 2000, plusieurs projets d’autoroute ont été empêchés. La chronique des victoires en propose le récit en plusieurs épisodes, en commençant ce mois-ci par la défense du marais poitevin.
« L’essentiel est invisible pour les yeux ». Antoine de Saint-Exupéry avait raison. Le monde de l’infiniment petit échappe encore trop souvent à notre vigilance. Dans une enquête coordonnée par Agir pour l’Environnement, l’association a mis en évidence une pollution d’une ampleur insoupçonnée.
À la fin des années 80, dans les Cévennes ardéchoises, des entrepreneurs véreux tentent de détruire une forêt séculaire pour y implanter une mine d’or. La résistance s’organise et démonte une gigantesque arnaque...
Ce n’est pas du Loch Ness mais du lac Léman qu’émerge, après déjà 10 ans d’études très discrètes, le monstrueux projet du CERN pour un nouveau méga collisionneur de particules. Les populations « co-CERNées » découvrent, effarées, l’ampleur des impacts environnementaux qui s’annoncent. Leur mobilisation s’organise.
Si des banques comme BNP Paribas sont régulièrement dénoncées pour leurs investissements dans la production et l’exploitation d’énergies fossiles, on connaît moins leur responsabilité dans les atteintes aux droits humains et à l’environnement causés par l’agriculture industrielle. Silence donne la parole à ActionAid – Peuples Solidaires qui mène une campagne sur le sujet.
Comment échapper à l’alternative entre attendre le grand soir et chercher à réformer le capitalisme ? L’anthropologue Philippe Descola et le dessinateur Alessandro Pignocchi appellent à multiplier des territoires autonomes pour expérimenter d’autres rapports au vivant et constituer une force à même de transformer l’État. Entretien.
Paul Vidal est un jeune dessinateur et illustrateur basé en Saône-et-Loire. Sa fascination pour le vivant l’amène à porter sa pratique vers le dessin scientifique dans une optique de réenchantement et de respect des mondes non humains.
À Pierre-Bénite au Sud de Lyon, les industriels de la chimie Arkema et Daikin rejettent des « polluants éternels », qui contaminent l’air, la terre et l’eau du Rhône depuis des décennies. Dans ce deuxième volet de notre enquête sur le sujet, nous sommes allées à la rencontre d’habitant·es qui se mobilisent.
Saccage 2024 est un collectif de collectifs, d’habitants et d’habitantes de la Seine-Saint-Denis et de l’Île-de-France, qui est entré en résistance face aux saccages que provoquent les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris en 2024, mais aussi toutes les autres éditions des JOP modernes.
L’association Sauvegarde de la Vallée vivante du Garon, dans le Rhône, souhaite que les pouvoirs publics réalisent un projet-pilote de petites barrières faites de pierres et de bois, au lieu des gigantesques barrages écrêteurs de crues, pour limiter à la fois la sécheresse, l’érosion et les inondations.
Les questions écologiques font l’objet de rapports de force constants au sein de l’Union européenne, qui ne joue pas un rôle de modèle en la matière. Inès Trépant apporte un éclairage avec l’exemple de l’extractivisme.
Depuis 2021, l’association Agir pour l’environnement a lancé une campagne pour créer des réserves de biodiversité dans toute la France, protégées par un nouvel outil réglementaire peu connu : les obligations réelles environnementales. Un moyen d’empêcher une coupe rase de forêt ou l’urbanisation d’un espace naturel par exemple.
Ces 50 dernières années, les luttes locales se sont multipliées en France, constituant d’après certain·es un véritable « mouvement social ». C’est de ce constat qu’est née en 2021 l’association Terres de Luttes, qui soutient les luttes locales en France.
À l’heure où cet article est écrit, un immense mouvement de contestation fait bouillir l’Iran depuis plusieurs mois, sans faiblir. Depuis quelques années, ces épisodes de contestation du régime sont de plus en plus fréquents. Les slogans criés par les manifestant·es depuis septembre 2022 appellent à la fin du régime, condamné pour ses agissements dans son ensemble. Silence s’est penché sur la dimension écologiste des revendications de ces dernières années.
La France possède un réseau routier parmi les plus denses d’Europe. Et il ne cesse de s’étendre : nouveaux tronçons, contournements, viaducs... En la matière, pas de restriction budgétaire, les milliards valsent tandis que les terres vivantes disparaissent. Mais contre ce saccage, les luttes sont entrées en coalition.
Dans son numéro d’octobre 2022, Silence faisait paraître un dossier spécial sur les victoires de l’écologie. Parallèlement, la revue publie une grande affiche « L’écologie en 50 victoires ». Les combats écologistes ont continué à porter leurs fruits ces 2 dernières années ! Petit tour d’horizon non-exhaustif.
Dans le nord de la Drôme, les militant·es de Vivre Ici Vallée du Rhône Environnement se battent depuis des années pour la défense de l’environnement. Et dans une vallée entourée par la plateforme chimique de Roussillon et l’autoroute, ce n’est pas pas une mince affaire.
Samedi 14 mai 2022, une manifestation prenant la forme d’un carnaval a rassemblé près de 800 personnes en soutien à la Zone À Défendre de Pertuis. La ZAP (Zone à Patates, en référence à la culture locale traditionnelle de pommes de terre) est menacée d’expulsion. Les occupant·es de la ZAP, avec le soutien de nombreuses associations (Terres vives Pertuis, Confédération paysanne, France Nature Environnement, etc.) et collectifs, défendent 86 hectares de terres agricoles en plaine de Durance, au pied du Luberon. Le lieu autogéré est à la fois une base de résistance contre l’extension de l’artificialisation, une bulle d’expérimentation alternative et un foyer de vie
collective.