La « transition énergétique » nous conduit vers un monde où l’électricité détrônerait les énergies fossiles sans rien changer à nos modes de vie.
L’explosion des besoins en électricité liés aux écrans et à internet, à l’intelligence artificielle, aux objets connectés, à l’électrification du parc automobile, va à l’encontre d’une trajectoire de sobriété et dépasse les capacités immédiates des énergies renouvelables.
En France, cette électrification généralisée est largement synonyme de nucléarisation. Le projet de construction de six nouveaux EPR illustre cette volonté.
Alors qu’au niveau mondial, le nombre de centrales nucléaires en activité continue à décroître lentement (1), ce phénomène peut-il neutraliser cette tendance à la baisse ?
Le dossier de ce mois aborde divers aspects de cette offensive nucléaire, qui s’emboîtent en un puzzle technocratique et dangereux. Absurdité des mini-réacteurs SMR, libéralisation du secteur qui fragilise les employé·es et la sécurité des centrales, liens entre nucléaire civil et militaire, démesure du projet d’enfouissement Cigéo… Il aborde aussi des résistances qui pourraient permettre, en s’attaquant à telle ou telle pièce, de commencer à défaire ce puzzle infernal.
(1) Ces vingt dernières années, 99 centrales nucléaires ont été mises en service (pour moitié en Chine) et 105 ont fermé. Le vieillissement du parc mondial va imposer un accroissement des fermetures de centrales, selon le rapport annuel sur l’état de l’industrie nucléaire mondiale (WNISR).
