Et si on recevait chaque mois 150 euros pour s’alimenter avec de bons produits ? C’est ce que propose le projet de Sécurité sociale de l’alimentation (SSA), en imaginant ajouter une nouvelle branche (1) à la Sécurité sociale : l’alimentation. Quoi de plus logique, quand on pense que l’alimentation est à la base de la santé ?
Depuis 2019, un collectif d’organisations a imaginé un projet visant à la fois à lutter contre la précarité alimentaire et à soutenir l’agriculture paysanne. Concrètement, chaque personne résidant en France recevrait un budget mensuel, à dépenser dans des lieux de vente ou auprès de product·rices respectant des critères définis démocratiquement par des caisses locales d’alimentation. Ces caisses seraient financées par des cotisations sociales.
Si l’idée peut sembler séduisante, sa mise en œuvre concrète soulève de nombreuses questions.
Comment assurer une gestion démocratique des caisses ? Comment permettre un financement pérenne des caisses, tout en gardant leur autonomie ? Comment éviter les écueils de la Sécu et le risque de réappropriation par l’État ? Comment dépasser les échelles microlocales des expérimentations ? Comment construire un rapport de force susceptible de faire advenir ce projet ? Comment éviter d’entraîner une charge de travail supplémentaire pour les courses et la cuisine qui soit portée majoritairement par des femmes (2) ? Un projet qui reste, dans tous les cas, largement porteur d’espoir.
(1) D’après l’Insee, la répartition des tâches dédiées aux courses et à la cuisine a très peu évolué en 25 ans : la part des tâches réalisées par des femmes est passée de 76 % à 70 % entre 1985 et 2010…
(2) La Sécurité sociale comprend six branches : famille, maladie, accidents du travail ou maladies professionnelles, retraite, recouvrement et autonomie.