Au début de l’année 2024, le monde agricole s’est enflammé : les paysan·nes veulent vivre dignement de leur travail. Plus d’un·e agricult·rice se suicide chaque jour (1). Notre modèle agricole empoisonne les travaill·euses et repose sur l’exploitation des ouvri·ères agricoles, notamment des étrang·ères. Depuis les années 70, on assiste à un véritable effondrement du monde paysan, programmé par l’État, l’agro-industrie et la FNSEA (2). Ces constats sont dramatiques. Pourtant, le gouvernement poursuit purement et simplement sa politique d’extermination de la paysannerie. À l’heure où nous bouclons ce numéro, le projet de Loi d’orientation agricole ne prévoit rien sur la question de l’accès à la terre et du revenu des agricult·rices.
Nous avons besoin d’installer massivement des agricult·rices (3). Nous sommes à une période décisive : des millions d’hectares vont changer de main dans la prochaine décennie (4). Que vont devenir toutes ces fermes grandes et coûteuses à la recherche de repren·euses ? Comment éviter qu’elles partent à l’agrandissement d’exploitations agro-industrielles ? Le collectif rend accessible la possibilité de reprendre ces terres. Il facilite le fait de s’installer sans s’endetter, d’être paysan·ne en se rémunérant dignement, d’être élev·euse tout en ayant des week-ends et des vacances. De sortir les fermes d’une logique d’accumulation de capital, ou encore de nourrir les luttes contre les oppressions. Si les luttes et l’éducation populaire sont indispensables pour transformer notre modèle agricole en profondeur, les fermes collectives apportent une lueur d’espoir.