Le colonialisme est encore souvent, y compris dans les milieux écologistes, l’éléphant dans la pièce. C’est-à-dire un élément tellement important, tellement déterminant pour les sujets qui nous préoccupent, que beaucoup préfèrent l’ignorer, ne pas en parler ou alors de façon marginale.
C’est pourquoi il nous a semblé intéressant de réunir, dans le dossier de ce mois, trois femmes qui mettent au contraire le colonialisme au centre de leur vision politique du monde et de leurs combats.
Manuela Royo, militante mapuche au Chili, Vandana Shiva, la célèbre activiste indienne et Isis Labeau-Caberia, jeune autrice martiniquaise, nous montrent, par-delà leurs différences, comment le colonialisme est toujours à l’œuvre. Et comment ses enjeux sont intimement reliés à ceux de l’écologie.
Ses visages contemporains peuvent être ceux des multinationales accapareuses d’eau ou ceux des propriétaires blancs héritiers de la période esclavagiste dans les Antilles françaises. Ses opposants sont souvent des opposantes : les femmes qui subissent en première ligne ces dominations.
Les trois femmes que Silence a rencontrées se réclament d’un écoféminisme (1) évidemment décolonial. Elles convoquent dans leurs propos les multitudes de femmes qui l’incarnent dans leurs luttes et sur leurs terres.
(1) L’écoféminisme analyse l’exploitation conjointe du vivant et des femmes par un même système patriarcal. C’est un courant de pensée aux multiples visages, incarné par de nombreux mouvements à travers le monde.