En France, les transports représentent 28,7 % des émissions de gaz à effet de serre. Si l’on regarde les émissions des voitures individuelles, on constate que la seule baisse significative de ces dernières années date de 2020, du fait des confinements et des limitations de déplacement. Mais même cette année-là, la baisse reste faible (58 millions de tonnes de CO2 émises) et en 2022, les émissions sont remontées au niveau de 1990 (64 millions de tonnes de CO2).
Tout pour la voiture
Alors, que prévoit le plan gouvernemental ? Le recours à la voiture électrique, visant 15 % du parc électrique en 2030… alors que l’on en est à 1 % aujourd’hui avec essentiellement des véhicules d’entreprise. Emmanuel Macron parle bien de renforcer les avantages fiscaux… mais ils existent déjà ! Et malgré une prime conséquente, peu de voitures électriques sont achetées. Il souhaite des « véhicules légers et propres ». Ce n’est pas la tendance, le poids moyen des voitures augmente de 20 kg par an… principalement du fait du poids des batteries dans les voitures électriques (200 kg dans la Zoé, la plus petite du marché). (1)
Et le vélo ?
Pourtant il existe bien un véhicule « léger et sobre » : c’est le vélo, électrique ou non. Le vélo électrique consomme de 80 à 100 fois moins qu’une voiture électrique et le vélo classique évidemment 100 % moins ! Ils pèsent de 12 à 25 kg, à comparer aux deux tonnes d’une voiture électrique. Mais bien sûr, Emmanuel Macron ne parle pas des vélos.
Du côté de l’aviation
Alors peut-être va-t-on faire des économies du côté des avions ? Malgré la modernisation des appareils, la hausse des émissions a été continue jusqu’en 2019 (24 millions de tonnes de CO2), la chute a été très importante en 2020 (16 millions de tonnes de CO2), mais malheureusement, le nombre de vols est remonté au niveau d’avant-Covid dès l’été 2023. Le remplacement de la flotte par des avions moins gourmands permettra au mieux de stabiliser les émissions. Quant à l’usage de nouveaux carburants à base de biomasse, ils ne représentent actuellement que 1 % des usages et coûtent 3 à 4 fois plus cher que le kérosène. Ces agrocarburants, utilisés comme arguments magiques pour verdir l’image du transport aérien, sont par ailleurs très problématiques, de par la concurrence qu’ils entraînent avec les terres agricoles notamment.
Quand bien même les avions en seraient moins gourmands, le carburant ne représente qu’un tiers de leur contribution au réchauffement, le reste provenant des rejets d’ozone ou d’oxyde d’azote dans l’air.
Pour que ces carburants restent de « deuxième génération », c’est-à-dire qu’ils proviennent d’huiles de recyclages et non de cultures, il faudrait considérablement baisser le trafic aérien, ce qui n’est que timidement envisagé (en augmentant les taxes sur les billets).
La liberté de circuler vite et loin sera toujours la liberté de polluer. Faute d’oser une politique des transports plus lente, plus légère et moins loin, il n’y aura pas de solution miracle !
(1) Par ailleurs, du fait de leur poids et de l’usage de matériaux composites complexes, plusieurs études sur les voitures électriques concluent que sur l’ensemble du cycle de vie, certaines sont plus polluantes que les voitures thermiques.
Sources :
* Petit traité d’écomobilité, Alexis Fraisse, éd. Charles Léopold Mayer, 2023.
* Communiqué de presse du Réseau-Action-Climat, 25 septembre 2023.