L’écoféminisme analyse l’exploitation conjointe de la nature et des femmes par un même système patriarcal. Mais il est bien plus riche que cela. Certains de ses courants intègrent à ce tableau des perspectives décoloniales et antiracistes, sociales, queer, etc., en se reliant à des héritages géographiques variés et à des courants de pensée parfois opposés.
Cette grille de lecture complexe, aux ramifications nombreuses et aux multiples visages, échappe à toute définition et revendique joyeusement ce côté insaisissable.
Le terme d’écoféminisme a été inventé par la française Françoise d’Eaubonne dans les années 70 mais les racines de ce mouvement se trouvent autant dans les luttes contre la spoliation des terres en Amérique latine, pour la protection des semences en Inde, que dans les combats antinucléaires aux États-Unis, pour ne citer que quelques exemples.
Les pratiques écoféministes ne sont pas toutes estampillées en tant que telles. Parfois jugé trop théorique, son potentiel se déploie au sein d’une multitude de luttes écologistes, féministes, sociales, politiques, à chaque fois que des liens sont tissés entre toutes ces dimensions, et avec d’autres encore.
Silence s’est fait depuis longtemps l’écho des luttes et des pensées écoféministes (1).
Dans ce dossier, loin d’en faire le tour, nous avons voulu faire entendre quelques voix de ce courant, parmi de nombreuses autres. Nous espérons qu’il donnera envie de s’aventurer sur les sentiers aux mille parfums de l’écoféminisme, qui a tant à nous apporter.
(1) En 1999, la revue publiait un dossier sur le sujet (« L’écoféminisme », no 251). Voir aussi les dossiers « Écologie et féminisme, même combat ? », Silence no 439, novembre 2015, et « Une écologie arc-en-ciel », no 494, décembre 2020. Depuis 2015, chaque mois, une chronique vient témoigner d’une alternative concrète en lien avec l’écoféminisme.