En France comme ailleurs, fleuves et rivières se portent mal. Elles sont polluées, en particulier par l’agriculture industrielle avec ses pesticides, nitrates, phosphates et autres micropolluants. Elles sont diminuées drastiquement, voire effacées, par les sécheresses estivales et les pompages effectués notamment par l’agro-industrie. Elles sont artificialisées, obstruées par d’innombrables barrages et divers ouvrages, que le développement de la petite hydroélectricité ne cesse de multiplier : un ouvrage tous les 5 km en France selon un recensement en 2020 (1), soit plus de 101 500 ! Leur biodiversité est appauvrie. La dernière mise à jour de la Liste rouge des espèces menacées (2) montre que, pour les poissons d’eau douce en France métropolitaine, 39 % des espèces sont menacées ou quasi menacées en 2019, contre 30 % en 2010.
Les services spécialisés de l’État reconnaissent cette inquiétante situation tout en la minimisant et, si l’on peut dire, en noyant le poisson avec quantité de micro-indicateurs dont on peine à voir l’utilité. Les collectivités territoriales, avec des moyens limités, ne restent pas inactives mais les gouvernements successifs ne sont pas prêts à changer les modèles agricoles, industriels et énergétiques (3) qui détruisent les cours d’eau, comme les autres milieux naturels.
Dès lors, comme toujours, Silence se penche vers les initiatives émanant de la société elle-même. Notre dossier en présente un éventail, avec des approches très contrastées dans leur nature, leur philosophie et leurs ambitions. Chacune, à sa façon, cherche à préserver ou revivifier fleuves et rivières.
Notes :
(1) « Eau et milieux aquatiques – Les chiffres clés », Service des données et études statistiques avec l’Office français de la biodiversité, 2020
(2) État des lieux réalisé, dans le cadre de la Liste rouge des espèces menacées, par le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature, le Muséum national d’histoire naturelle, en partenariat avec la Société française d’ichtyologie et l’Agence française pour la biodiversité, 2019
(3) La façon dont le nucléaire (tout comme les centrales thermiques) agit sur l’eau est aussi très problématique. Voir « Nucléaire, l’impasse programmée », Silence no 515, novembre 2022.