La dette a toujours été un instrument de pouvoir. En prêtant avec intérêt, la personne la plus riche s’enrichit et souvent la personne pauvre s’appauvrit. Les États se sont endettés pour assurer leur croissance. Les remboursements entraînent une pauvreté de l’État… qui en se désengageant de son rôle de protection, fait repeser des secteurs entiers sur des emplois mal payés ou pas payés du tout. Ce sont alors le plus souvent les femmes qui assurent les besoins vitaux (santé, alimentation…). Les autrices font une longue rétrospective de l’évolution de la dette en analysant à tous les niveaux comment les catégories sociales minorisées (femmes, migrantes, pauvres…) doivent se sacrifier. Au nom du « développement », les Nords prêtent aux Suds, ce qui permet de maintenir des relations coloniales. Et ce qui est pillé représente plus que ce qui est prêté. S’il y a une dette, elle devrait être dans l’autre sens : ce sont les Nords qui doivent aux Suds, les banques qui doivent aux femmes… En fin d’ouvrage, la question écologique est abordée, montrant la même logique de dette inversée. La solution est à chercher du côté des réflexions écoféministes rappelées en guise de conclusion.
Éd. Le Passager clandestin, 2022, 290 p., 18 €
Nos vies valent plus que leurs crédits de Camille Bruneau et Christine Vanden Daelen
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