Le nucléaire est hélas revenu sur le devant de l’actualité, en bonne place parmi nos angoisses contemporaines. À première vue, il peut sembler avoir le vent en poupe. En France, un débat public débute, ce 27 octobre 2022, pour « éclairer la décision » de relancer le nucléaire avec un objectif de 6 EPR d’ici 2035 (il s’agit bien entendu d’une nouvelle fumisterie, tout ou presque étant déjà décidé). La crise énergétique générée par la guerre en Ukraine fournit de nouveaux arguments aux pro-nucléaires, abondamment repris par les grands médias.
Mais les écarts vont grandissant entre ces annonces et discours radioactifs, périodiquement ré-entonnés, et les réalités sur le terrain (1).
En réalité, rien ne va plus dans le monde atomique. Un exemple, parmi les plus édifiants : l’OPA de l’État, commencée en septembre 2022, afin de nationaliser EDF à 100 %. Or, selon la vieille recette néolibérale, on nationalise les pertes et on privatise les profits. Les pertes sont celles d’une EDF en quasi faillite et qui ne trouve plus d’ingénieurs de haut niveau à recruter. Les profits, ce sont ceux à faire avec les renouvelables, vers lesquels les investisseurs privés, cyniques mais pas fous, se tournent aujourd’hui. D’où l’enjeu du « label vert » accordé par le Parlement européen au nucléaire, afin de lui faciliter l’accès à des financements.
Notre dossier examine quelques-uns des problèmes qui, dans le contexte actuel, devraient obscurcir l’avenir du nucléaire. Le désastre des centrales pendant les chaleurs estivales et leur vulnérabilité aggravée en cas de guerre en font partie.
Parce que en panne, en faillite, à bout de souffle, le nucléaire est plus dangereux que jamais. D’où l’importance de continuer la lutte. C’est elle qui nourrit l’opposition des peuples et qui constitue sans doute notre meilleure chance d’échapper au pire.
Notes
(1) Ainsi par exemple, rappelons que, sous Nicolas Sarkozy, un précédent projet d’EPR lancé en 2008, avec déjà un débat public, n’avait débouché sur rien.