Regard sur une victoire - « On n’en a pas fini »
"Tous ces grands projets du type des Center Parcs s’inscrivent dans la logique du tourisme industriel aliénant et destructeur dans la globalité. Il en va de même pour l’agriculture, pour le commerce, tout est soumis au profit d’une minorité dans le système capitalisme.
(…) Nos libertés sont aussi des zones à défendre tout comme notre cerveau d’humain. Oui nous avons des victoires parcellaires mais chaque semaine nous amène un lot de projets tout aussi fous et destructeurs. Ainsi, chez nous, assistons-nous au développement de barrages, de remontées mécaniques toujours plus hautes dans nos montagnes pour trouver de la neige qui disparaît avec le réchauffement climatique, ou encore l’utilisation massive de canons à neige pour produire de la neige artificielle ! Tout cela recommandé dans les SCOT (Schémas de cohérence territoriale) des régions de montagnes avec des PLU (Plans locaux d’urbanisme) favorisant la venue de touristes toujours plus riches venant de loin (Russie, Chine, Canada,...).
La montagne ne paye pas son tribut à l’économie qu’en hiver, on assiste désormais à la permanence de ce tourisme sur les quatre saisons : vélos électriques en location partout en stations, pistes de luges sur herbe,... Cette folie économique touche également la mer. Le littoral déjà ravagé par l’industrie du tourisme voit l’émergence de gigantesques piscines à vagues pour le surf (certaines d’une surface de 10 terrains de foot !) alors que l’océan, avec son spot naturel de surf, est à seulement 15 km...
La leçon à retenir comme on n’en a pas fini avec le monde d’avant, c’est que pour la bonne conduite d’une lutte, s’il faut s’allier avec le plus grand nombre et ne pas être sectaire, il ne faut pas en laisser la direction à celles et ceux qui ne se limitent qu’au combat légaliste souvent réformiste et seulement environnemental ou au minimum ne pas leur abandonner l’implication dans les aspects judiciaires."
Philippe
Nos futurs proches
"Pierre et Vacances abandonne (enfin !) son projet…
Victoire.
Il y a un enjeu à se réapproprier ce fameux mot, pour lui donner sa juste place. Partager cette idée amène à regarder nos réussites et nos échecs, pour y puiser des leçons nécessaires et repenser nos futurs proches.
Veiller sur le devenir des parcelles
(…) Il existe une attention au devenir des terrains. L’association Pour les Chambarans Sans Center Parcs a annoncé qu’elle n’allait pas se dissoudre malgré l’abandon du projet, car l’attention sur le devenir des terrains est trop importante au regard des enjeux environnementaux. (…) Depuis le début de l’occupation, parmi les opposant·es, et malgré la grande palette de rêves politiques et les difficultés associées, une attention transversale a d’une certaine manière été partagée : protéger cette forêt du saccage, aussi vert soit-il. La veille continue.
Continuer la lutte, ici et ailleurs
(…) Malgré le rude et indéniable flottement qu’un abandon doublé d’une expulsion implique au sein d’un mouvement dont le refus de ce projet était peut-être le seul dénominateur commun, il faut ré-observer, re-comprendre et re-choisir pour retrouver de l’élan, prendre place dans le nouvel échiquier qui nous est imposé, riches de notre vécu, forts de leur abandon.
G. Brémond (fondateur et actuel président du groupe Pierre & Vacances-Center Parcs), dans son annonce d’abandon, balaie notre « Center parcs ni ici ni ailleurs » en affirmant sa détermination à poursuivre les projets en Saône-et-Loire et dans le Jura ainsi qu’ailleurs en Europe. Il cache l’existence du tissu de résistance qui entoure son modèle touristique et entrepreneurial. Nier le problème pour ne pas le faire exister : Roybon est réglé, passons à autre chose. Il y a fort à fournir contre cette invisibilisation. (…)
Ces démarches portées par des associations de recours juridiques, environnementalistes ou citoyennes sont complétées par un travail conséquent de critique sociale liée à une expérience du terrain de cette lutte. La pertinence de la critique portée par des acteurs de l’opposition comme l’Office de l’antitourisme, la Coordination NINA (1) ou le journal De Tout Bois ne s’effondre pas lorsqu’elle arrache un abandon de projet ! Au contraire, elle se renforce. La production intellectuelle qui en découle agit ici et ailleurs car il ne s’agit pas d’un mouvement de défense des propriétaires d’arrière-cours nimby. Elle a vocation à faire face, le plus possible, aux aliénations sociales, au saccage environnemental et aux manipulations économiques incarnés par cette multinationale et bien d’autres.
Faire mémoire
(…) L’avenir de la lutte de Roybon passe par l’affirmation de sa propre mémoire, avec ses envols, ses écueils (…) Dans ce qui va continuer à nous habiter, ce qui est devenu une partie de nous et que nous continuerons à porter ailleurs. Le rapport aux forêts, par exemple, est à la fois très marquant et personnel. La forêt a porté un mélange de rêve et de révolte : elle nous a fourni sa protection par les recoins et les extravagantes représentations qui l’entourent, ses ambiances nourricières, ses bois et son sol à bâtir, elle nous a charmés. Et en même temps nous avons habité le saccage qui lui a été infligé. (…) Faire mémoire ce serait aussi retourner sur place le moment venu. Retrouver ce qui a été habité de près ou de loin. S’y retrouver ainsi et célébrer le vécu qui s’y est déployé. Pleurer, rire, partager avec celles et ceux que l’on souhaite, ou pas. Échanger nos coins à champignons et plus si affinités..."
Renandberg & co’
(1) NINA est la Coordination Center Parcs, Ni Ici, Ni Ailleurs qui tisse des liens entre les différents sites en résistance à Center Parcs : Roybon en Isère, Le Rousset en Saône-et-Loire et Poligny dans le Jura.
Contacts :
Coordination NINA : https://ninacrevelabulle.wordpress.com
Collectif Stop Center Parcs : https://stopcenterparcs.noblogs.org
