Chronique Alternatives Enquête d’un autre monde

Un beau vin ? Une belle vie !

Hélène Petit

Olivier Cousin est vigneron dans le Maine-et-Loire, il produit du vin nature – sans aucun additif, à partir de vignes en biodynamie. Il utilise la traction animale et les vendanges sont faites à la main.

Il a repris les vignes de son grand-père qui, déjà à son époque, n’avait jamais voulu utiliser de chimie, mais acceptait cependant les additifs, ainsi que la mécanisation. Olivier, lui, voulait pouvoir continuer à produire du vin même sans pétrole. Pourtant ce n’est pas uniquement une volonté militante qui l’incite à travailler comme il le fait, mais aussi et surtout parce qu’il aime ça : travailler avec des gens et des animaux plutôt qu’avec des machines, faire la fête, avoir un autre rapport au temps et au travail, savoir que l’on enrichit sa terre, celle de nos ancêtres et de nos enfants.
Les vendanges sont préparées comme une fête, deux personnes sont employées pour offrir des festins partagés comme il se doit. De fait, les ouvriè·res ne sont pas considéré·es comme des employé·es, mais comme des ami·es qui viennent donner un coup de main. Ce que ça change ? Tout. Les ouvrièr·es ne sont pas payé·es à la minute, ni à l’heure, mais à la journée de travail qui ne dépasse jamais 8h. Ils et elles peuvent apprendre la traction animale et participer au processus de vinification. Cela se ressent : quand les vendangeu·ses reviennent quelques années plus tard, ils parlent de « leur » vin, celui qu’ils et elles ont participé à réaliser. 

Du vin vivant

« Le vin vivant, c’est de A à Z. Il n’y a pas une phase où tu peux mécaniser à fond et dire que c’est vivant. La vigne sera mal taillée si tu n’as pas envie de la tailler ou si tu la tailles mécaniquement. Si tu aimes la vigne, c’est elle qui te dit comment la tailler. Tout cela donne un produit complètement différent ».
À la question « est-ce que ça coûte cher ? », Olivier expliquera qu’il choisit le travail « vivant » car les autres propositions, destructrices, ne sont pas des options envisageables. Au fur et à mesure qu’on l’écoute, on prend conscience de tous les avantages économiques de cette manière de faire : pas besoin d’emprunts pour acheter des machines coûteuses, de produits chimiques, d’additifs, ni besoin de budget marketing. Le vin se vend bien, d’autant que les quantités sont limitées. Quatre hectares de vignes, avec un prix des bouteilles à partir de 10 €, cela suffit pour vivre bien si l’on n’en demande pas trop. Pour couronner le tout, les parcelles réduites permettent de limiter le travail et de passer du temps ailleurs. Olivier et sa femme partent en bateau plusieurs mois par an. Le couple traverse l’Atlantique et profite de l’Océan. 
Et quand on demande à Olivier si son vin est bon, il répond qu’il est « beau » : « Toute l’énergie qu’on apporte se retrouve dans le vin. Donc si tu embauches de beaux gens, tu fais un beau produit. Si je te parle d’une bonne année, c’est qu’il y a vraiment eu des belles personnes qui sont venues cette année-là. »

Contact : Olivier Cousin, 1 rue Panaget, 49540 Martigné-Briand, tél. : 02 41 59 49 09.

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