Tempête sur les prix de l’électricité : l’opérateur alternatif « historique » n’est pas épargné

Un prix peut en cacher un autre
Pour produire de l’électricité, l’une des méthodes consiste à brûler des matières fossiles dans des centrales à gaz, charbon ou fioul, surtout en hiver, au moment des pics de consommation. « Comme le prix du gaz a été multiplié par 5 en un an, explique Frédéric Marillier, celui de l’électricité, par un effet domino, a connu la même envolée ».
Or, Enercoop est le seul fournisseur d’énergie à couvrir 100% de la consommation de ses client·es par l’achat de la même quantité d’électricité renouvelable avec sa garantie d’origine. Alors, quel rapport avec le prix du gaz ? 
Même si Enercoop traite en direct avec un grand nombre de ses product·rices et les paie volontairement au-dessus du prix du marché, « une partie de nos contrats sont encore négociés au regard des conditions du marché ». Conséquence : en raison des fortes fluctuations, « nous devons acheter une partie de notre énergie bien plus cher qu’auparavant ».
Voir à long terme
Ce renchérissement a déjà été partiellement répercuté sur les factures, puisque le fournisseur citoyen a augmenté ses tarifs en février et en avril 2022. Et comme son approvisionnement contractualisé suffit tout juste à couvrir la quantité à livrer à ses client·es actuel·les, il a décidé de suspendre les nouvelles souscriptions, car cela reviendrait à vendre soit à perte, soit à des tarifs astronomiques. 
Parallèlement aux hausses des tarifs du kWh (1), la coopérative prend aussi « des mesures de plus long terme comme le renforcement […] des moyens de productions propres ». Le but est de se décorréler des « évolutions erratiques et [de] la volatilité (absurde) du marché » pour aller vers une maîtrise de la filière complète.
Une exception française
Lorsqu’on parle du prix de l’électricité en France, on bute forcément sur l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique, ARENH de son petit nom, ce mécanisme qui « permet aux fournisseurs d’électricité d’acheter de l’énergie nucléaire à EDF à un prix très bas (2) pour proposer[…]des offres d’électricité »verte« compétitives à leurs clients. Nous sommes en 2022 le seul fournisseur à refuser le recours à l’ARENH. » Un renoncement à un « filet de sécurité » qui fait que « nous sommes directement touchés par la flambée des prix » mais qui traduit les valeurs coopératives mettant au centre l’intérêt collectif plutôt que la lucrativité.
Pas d’OPA sur les SCOP
Cette crise de l’énergie survient dans un contexte où l’opérateur militant se portait plutôt bien. Après quelques années de tourmente, il avait réussi à se consolider en 2020 et même à baisser ses tarifs d’abonnement en 2021.
Dans un paysage de recherche de profit qui expose les fournisseurs au risque de faillite ou de rachat, grâce à sa structure coopérative « Enercoop n’est pas concernée puisqu’elle appartient à ses sociétaires-clients ». Sociétaires appelé·es à soutenir leur SCOP : « Vous pouvez limiter vos consommations […] notamment aux heures de pointe, ou encore prendre des parts sociales, notamment dans le cadre des levées de fonds que l’on fait chaque année. »
Michel Bernard et Agnès Ploteny
(1) Les tarifs des abonnements restent inchangés
(2) Environ 5 fois moins chère que sur le marché de l’électricité
Enercoop, 16-18 quai de Loire, 75019 Paris, www.enercoop.fr.