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Sous la bombe, les déchets nucléaires militaires

Patrice Bouveret

Les déchets sont l’épine du pied du nucléaire. Mais cette question ne semble concerner que les centrales nucléaires, comme si la bombe ne produisait pas de déchets. Ce qui n’est pas le cas. L’Andra, l’organisme chargé de la gestion des déchets nucléaires, évalue à 8,9 % du stock total, ceux issus des activités militaires. Un pourcentage en dessous de la réalité.

L’Observatoire des armements et ICAN France viennent de publier une étude — Déchets nucléaires militaires : la face cachée de la bombe atomique française (1) — pour lever le voile. Depuis le milieu des années 1990, aucune étude similaire n’avait été rendue publique (2).
Certes, l’Andra, dans l’Inventaire national des matières et déchets radioactifs (3) qu’elle publie depuis 1992, a intégré progressivement les sites militaires, mais tous n’y figurent pas encore. Par exemple, les déchets issus des essais nucléaires en Algérie (4) ne sont pas répertoriés ! D’autres incohérences et « oublis » peuvent être relevés dans leur Inventaire.
Selon l’Andra, les déchets militaires représentent « officiellement » déjà près de 150 000 m3. Un volume qui va s’accroître, notamment suite au renouvellement complet en cours de l’arsenal nucléaire qui va inévitablement engendrer des déchets. Ainsi, le fardeau des déchets militaires que nous allons léguer aux générations futures représentera en 2100 un volume estimé à environ 260 000 m3 de déchets à vie plus ou moins longue et à plus ou moins haute activité !
Leur gestion — outre les conséquences importantes sur un plan sanitaire et environnemental — représente un coût colossal impossible à connaître tant les quelques données publiées sont opaques. Ce qui pose un grave problème démocratique et contribue à l’absence de débat critique sur l’arme nucléaire.
C’est l’objectif de ce rapport : apporter un éclairage sur les déchets nucléaires militaires pour renforcer le débat auprès de l’ensemble des acteurs politiques, universitaires, associatifs et citoyens pour éliminer cette arme de destruction massive.
Patrice Bouveret,
Observatoire des armements (www.obsarm.org)

(1) Déchets nucléaires militaires : la face cachée de la bombe atomique française, Jean-Marie Collin et Patrice Bouveret, décembre 2021, 44 pages, publié avec le soutien de la Fondation Heinrich Böll et disponible par téléchargement sur www.obsarm.org ou www.icanfrance.org.
(2) Voir Les déchets nucléaires militaires français, de Bruno Barrillot et Mary Davis, Observatoire des armements/CDRPC, 1994, et L’évolution de la recherche sur la gestion des déchets nucléaires à haute activité, tome II : les déchets militaires, Christian Bataille, 1997, disponible sur www.senat.fr.
(3) Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs : https://inventaire.andra.fr
(4) Voir Sous le sable la radioactivité ! Les déchets des essais nucléaires français en Algérie. Analyse au regard du traité sur l’interdiction des armes nucléaires, Jean-Marie-Collin et Patrice Bouveret, ICAN France et Observatoire des armements, publié par la Fondation Heinrich Böll, juillet 2020, 60 p, disponibles sur les sites : www.icanfrance.org et www.obsarm.org.

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