La guerre déclenchée le 24 février 2022 par l’invasion des troupes russes en Ukraine nous touche et nous interpelle. C’est la première fois qu’une guerre de cette ampleur touche directement le continent européen depuis celle d’ex-Yougoslavie, dans les années 1990. Va-t-elle nous faire sombrer davantage encore dans une logique guerrière et militaire ou nous conduire à renforcer les moyens de la paix ?
La revue Silence n’a pas les capacités de proposer, à chaud, des réponses directes à la guerre en Ukraine dans un esprit de non-violence (1). Mais nous constatons qu’une fois que la guerre est là, nous sommes pris·es dans des dilemmes insolubles qui semblent n’avoir que de mauvaises réponses. Soutenir les combats militaires par nos armes et participer ainsi à la violence et aux morts civiles ? Refuser la logique des armes et laisser l’invasion se produire, faute d’autres stratégies civiles préparées pour y faire face ? Appliquer des sanctions économiques contre la Russie et rendre plus difficile encore la vie du peuple russe ? Ou encore, n’appliquer aucune sanction et élargir les marges de manœuvre de Poutine ?
Ce dossier insiste sur la nécessité d’œuvrer pour prévenir les situations de guerre en freinant la militarisation de la planète. Et si nous commencions par cesser d’inonder le monde d’armes de guerre ? La France n’est pas bien placée pour donner des leçons en la matière. Notre pays, troisième exportateur mondial d’armement, fait partie des cinq pays les plus militarisés au monde (2) !
Face au drame qui se joue en Ukraine, il est important que la France s’interroge sur sa politique de construction de la paix au niveau mondial, sur le rôle de ses appétits énergétiques et de son inaction climatique, sur sa responsabilité et celle de ses entreprises dans les logiques de guerre. Et sur le soutien qu’elle peut apporter aux sociétés civiles, ainsi qu’aux objecteurs et déserteurs qui refusent la guerre en Russie et en Ukraine.
Guillaume Gamblin
(1) À propos des potentialités de la non-violence en situation de guerre, voir le dossier « Quelle non-violence en temps de guerre ? », Silence no 446, juin 2016.
(2) Selon l’Institute for Economics and Peace. Voir Démilitariser la France, Alain Refalo, Chronique sociale, 2022, page 7.