Se chauffer, cuisiner, produire, etc. : le gaz constitue l’un des piliers de nos usages énergétiques en France. Il représentait en 2019 14, 8 % de l’énergie que nous consommons. Sa consommation a augmenté de 44 % entre 1990 et 2019 et continue de croître fortement (1).
La France est prise en tenaille entre une hausse vertigineuse des prix du gaz, due à une demande croissante et au fait que celui-ci remplace progressivement les autres énergies fossiles, et ses engagements à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Elle a trouvé la solution miracle pour remplacer le gaz naturel : le soi-disant « biogaz » issu de la méthanisation !
Parée officiellement de toutes les vertus écologiques, elle pose en réalité de nombreux problèmes insolubles qui sont exposés dans ce dossier.
On a beau aborder la question sous tous les angles, à consommation égale, le développement massif de la méthanisation sur tout le territoire serait une catastrophe que personne, hormis les firmes de l’énergie, n’a envie de voir advenir.
Il faut donc poser le problème autrement. Comme sur d’autres sujets (la gestion des déchets, du nucléaire, etc.), il s’agit de se poser les bonnes questions. Non pas : « Quelles sont les solutions techniques, sans rien changer à nos usages ? » mais :« Comment aller vers la sobriété et la réduction de la consommation à la source ? » Il s’agit de penser la décroissance plutôt que la fuite en avant technique, même « verte ».
Diminuer notre consommation de gaz ne signifie pas faire reposer tout l’effort sur les particuliers mais commencer par isoler les logements, éliminer les consommations inutiles ou nuisibles (la galerie commerciale, la terrasse chauffée en hiver, l’armée — ministère le plus gros émetteur de gaz à effet de serre), d’organiser d’autres manières de vivre plus conviviales (relocalisation, partage d’espaces de vie, de matériel, d’usages, etc.).
C’est aussi dans un esprit décroissant que se développe à la marge la microméthanisation paysanne et domestique. Cette pratique ne va pas sans débats, mais elle a le mérite de se développer en lien avec des modes de vie plus sobres.
Guillaume Gamblin
(1) Commissariat général au développement durable, « Chiffres clé de l’énergie », pp. 21 et 24, www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr
(2) En 2020, la part de consommation de gaz des particuliers était de 31 % contre 28 % pour l’industrie, 19 % pour la production d’électricité, 17 % pour le tertiaire. Voir « Chiffres clés de l’énergie édition 2021 », « Gaz naturel » sur www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr