En 2011, au plus fort de la crise économique, Filkeram & Johnson — le propriétaire de l’usine et l’un des principaux fabricants de matériaux de construction en Grèce — fait faillite. Des centaines de personnes risquent d’être licenciées, de nombreux salaires impayés. Qu’à cela ne tienne, les travailleu·ses réuni·es et déterminé·es décident d’occuper l’usine. Sans salaire, ils et elles peuvent compter sur la solidarité de nombreux collectifs de la ville et de toute la société civile grecque.
Après deux ans d’occupation, ils et elles créent la coopérative VioMe et relancent la production. « Au départ, on a cherché à produire les même matériaux de construction que l’on fabriquait avant. Mais la demande était très faible durant la crise économique, il n’y avait plus de chantiers. On s’est tourné vers la fabrication de nettoyants et de produits d’entretiens naturels et biologiques », raconte à Reporterre Fotini, jeune chimiste à VioMe.
Après la création de la coopérative en 2013 et la relance de la production, collectifs, coopératives, squats et associations se mobilisent rapidement pour proposer à la vente les produits de l’entreprise, en Grèce comme ailleurs. (2) Cela permet de conserver une dizaine d’emplois sur le site.
« Ouvrier, chimiste, ingénieur ou livreur, tout le monde a le même salaire »
« Toutes les personnes que vous voyez dans l’usine — ouvriers, chimistes, ingénieurs ou livreurs — ont le même salaire. Toutes les décisions sont prises en commun et à l’unanimité lors de nos assemblées tenues à 7 h tous les matins », explique Dimitris, qui travaille à l’usine depuis très longtemps. « C’est un petit salaire qu’on touche pour l’instant, mais avec notre production, notre modèle économique est stable, on est même arrivé à recruter deux personnes récemment. »
« Ici, c’est plus qu’une simple usine, on tisse des liens forts entre nous. On fusionne notre travail et notre lutte politique », explique Euripide qui travaille ici depuis quelques mois.
« Nous sommes en lien avec de nombreux collectifs en lutte. Depuis 2015 et le début de la crise migratoire, on organise des collectes de produits de premières nécessité, des vêtements ou des évènements de solidarité pour les exilés », poursuit Dimitris.
« Nous avons des relations avec beaucoup d’associations et de collectifs écologiques radicaux. Il faut prendre cette lutte de manière holistique, et ce n’est certainement pas compatible de vouloir protéger l’environnement tout en maximisant les profits des grandes entreprises », conclut Dimitris.
Justin Carrette
Quelques coopératives comme La Louve (Paris 18e), les Grains de sel (Paris 13e), Les 400 coop (Paris 11e) et EcoFair (en Belgique à Anvers, Herzele et Ronse) vendent des produits de VioMe.
Article initialement paru sur le site Reporterre