Un accord historique
La mobilisation internationale a contraint les grandes marques de vêtements à signer, le 13 mai 2013, un Accord pour la sécurité des bâtiments dans l’industrie textile : 222 entreprises, 10 syndicats et 4 ONG « témoins » se sont ainsi engagés, pour une durée de 5 ans, à prévenir de nouveaux accidents dans le pays.
Alors que de multiples « chartes » et « codes de bonne conduite » s’étaient révélés inefficaces, l’accord a permis de détecter et réparer chaque année des milliers de défaillances techniques, et de réduire le nombre et la gravité des accidents.
Ce succès repose sur son caractère engageant pour les marques, qui financent le dispositif et une partie des travaux chez leurs fournisseurs. Il repose aussi sur l’implication des salarié∙es dans la détection et la résolution des problèmes de sécurité, et sur des inspections régulières, de la part d’ingénieur∙es indépendant∙es dont les rapports sont publics.
Un prolongement qui n’allait pas de soi
En juin 2018, un accord de transition est entré en vigueur pour 3 ans. Signé par 192 entreprises, il intégrait quelques améliorations notables, comme l’obligation pour les usines de verser des indemnités de départ lorsqu’elles ferment ou déménagent en raison de problèmes de sécurité, ou des mesures de protection pour les personnes subissant des représailles après avoir signalé des problèmes.
Ce prolongement s’est heurté à l’hostilité du gouvernement, qui a cherché à transférer certaines activités à un organisme de contrôle public (créé en 2017) qui ne comprend pas de représentant∙es des salarié∙es. Il a aussi été attaqué en justice par un industriel à qui la Cour suprême du Bangladesh a donné tort en mai 2019.
Il aura donc fallu une forte mobilisation des syndicats et d’autres organisations de la société civile, dans le cadre de la « Clean Clothes Campaign » (« Campagne pour des habits sans taches »), pour obtenir enfin la signature d’un nouvel Accord sur la santé et la sécurité dans l’industrie textile.
Ce nouvel accord, entré en vigueur le 1er septembre 2021, est une bonne nouvelle dans un pays que la Confédération syndicale internationale (CSI) considère comme « l’un des pires pays au monde pour les travailleur∙ses ». Il préserve en effet les mesures existantes et pourrait être étendu à d’autres pays et/ou à la prévention d’autres violations des droits humains.
Le 3 novembre 2021, 150 marques l’avaient déjà signé mais il restait encore à convaincre des entreprises comme Auchan, Desigual, Levi’s, etc.
Salma Lamqaddam
Silence abordait cette question dans son numéro d’octobre 2019 : « La Planète victime de la mode », n°482. Exploiter les autres humains et détruire la planète pour se vêtir n’est pas une fatalité. Face à la surproduction de vêtements jetables, le premier mot d’ordre n’est-il pas déjà d’arrêter d’en produire et d’en consommer autant ?