L’habitat léger transporte une autre culture de l’habitat, un art de vivre. Il y a quelque chose de poétique à penser son habitat réversible, sans fondations, écologique et atypique. À travers l’urbanisme réversible se dessine un autre modèle économique s’appuyant sur l’autonomie et la sobriété. L’habitat léger, quand il est choisi, incarne une remise en cause de la spéculation immobilière. L’habitat léger, quand il est subi, est une marque de précarité qu’il faut combattre. Cette ligne de crête entre deux réalités antinomiques rend caduc tout discours généraliste sur l’habitat léger.
Silence consacre ce mois-ci son dossier à ces logements atypiques car, si les cabanes ne datent pas d’hier, il y a un engouement nouveau pour l’habitat léger. Hier précaire, la cabane devient tendance. Elle répond à la fois à l’envie de vivre en limitant son empreinte environnementale et à une crise du logement de plus en plus exacerbée. Plus profondément, l’habitat léger choisi répond à un désir de sens, de « faire ensemble », pour une société qui ne considérerait pas l’habitat comme une marchandise.
Ce dossier donne particulièrement la voix à quatre associations : Désobéissance fertile, Habitants de logements éphémères ou mobiles (Halem), Habitats libres en Poitou et Hameaux légers, qui incarnent la mobilisation d’aujourd’hui pour une reconnaissance de l’habitat léger. Leur enthousiasme pour ce type de logement, qui peut remettre en cause la propriété privée comme l’artificialisation des sols, est inspirant.
Martha Gilson