Édité en beauté, ce manifeste propose une rupture avec les raisonnements consistant à mettre en avant les points communs entre les animaux et nous. L’accent sur les ressemblances débouche sur la compassion, puisque nous pouvons comprendre les souffrances animales. Mais la « politique de la pitié », si elle a permis de faire avancer la cause animale, lui nuit aussi en faisant obstacle au politique. Il s’agirait de la remplacer par une écologie de la différence. Plutôt que de viser notre assimilation et la leur dans la grande totalité d’un vivant indifférencié, il faudrait accepter que l’animal soit et reste un étranger radical, une énigme. Cherchant la polémique, l’auteur se montre sévère, tandis que sa proposition d’une éthique de l’altérité reste très théorique. Mais il suscite l’intérêt et la remise en question, choses précieuses.
Éd. Dehors, 2021, 144 p., 15 €