Car, de l’accord de Kyoto de 1997 à aujourd’hui, en passant par l’accord de Paris de 2015, la réduction des émissions de gaz à effet de serre militaires est laissée à la discrétion de chaque nation au grand bénéfice des militaires et des lobbys industriels d’armement qui les soutiennent.
20 % de la pollution mondiale serait militaire !
Résultat : aucune véritable contrainte ne leur est imposée pour réduire leur empreinte, alors que c’est le cas pour toutes les autres activités humaines. Or, l’activité militaire provoque environ 20 % de la pollution mondiale selon le SIPRI (Stockolm International Peace Research Institute), organisme indépendant qui est une référence mondiale en matière d’armement. Et il s’agit seulement d’une estimation.
La campagne doit s’amplifier en France car « le ministère des Armées a aujourd’hui l’empreinte environnementale la plus importante de l’État », comme a reconnu Florence Parly, la ministre des Armées, lors du Congrès mondial de la nature qui s’est déroulé du 3 au 11 septembre 2021 à Marseille.
Dépasser l’inaction des armées
Certes, depuis de nombreuses années, l’armée se dit soucieuse du dérèglement climatique. Pour sensibiliser ses troupes, les militaires organisent même chaque année une semaine du développement durable ! De même, à l’initiative du ministère des Armées, des conférences internationales sur le climat et la défense ont permis de faire le constat d’un « consensus général sur l’expression d’une inquiétude partagée concernant l’impact des changements climatiques sur la sécurité internationale susceptible d’aggraver voire de provoquer des crises intérieures et internationales ». À cela s’ajoute la publication d’études, la mise en place de groupes de travail, l’élaboration de plans stratégiques de développement durable, etc.
Le ministère des Armées déploie les grands moyens, mais pour faire quoi ? Réduire son empreinte écologique ? Nenni, ou si peu au regard de son impact. Car la principale préoccupation des armées n’est pas d’apporter leur contribution pour limiter le réchauffement climatique — par exemple, en réduisant son activité. Mais prioritairement de se préparer pour faire face aux nouvelles contraintes que cela va entraîner au niveau du matériel, des personnels dans le cadre de leurs interventions : que les chars puissent continuer à avancer, les avions à voler dans un climat dégradé.
Une première étape : inclure cette question dans la problématique environnementale et imposer le calcul de l’empreinte écologique des activités militaires. Une nouvelle campagne à initier par Silence ? L’Observatoire des armements est disponible pour y participer.
Patrice Bouveret
Pour en savoir plus : https://actionnetwork.org, rubrique « Stop Excluding Military Pollution from Climate Agreements ».