Éditorial Environnement Forêts

Planter des arbres, le dernier geste à la mode

Danièle Garet

Dans la famille (nombreuse) des gestes écolos à la mode, nous avons tiré la carte de la plantation d’arbres et celle de la plantation de forêts.
La plateforme en ligne Treedom nous l’affirme : pour la fête des mères, fini les fleurs coupées (1), mieux vaut offrir un cadeau « impactant », c’est-à-dire un arbre qui sera planté quelque part sur la planète et dont chaque heureuse maman pourra suivre l’évolution à distance. « Crée toi aussi une forêt naturelle dans ton quartier ! », encourage l’association Boomforest, comme beaucoup d’autres. Le moteur de recherche Ecosia, qui se présente comme l’une des alternatives à Google, vise à planter des arbres partout dans le monde, avec un modèle économique fondé sur… la publicité en ligne. Jusqu’à Extinction Rebellion qui communique sur un étrange principe : pour chaque militant·e arrêté·e, le collectif plante un arbre.
Quantité de « Tree Start-Up » ont investi le business consistant à fournir aux entreprises, de préférence les multinationales les plus polluantes, un vecteur de « compensation » pour leurs émissions de carbone. Mais des organisations non gouvernementales (ONG) ont montré les effets pervers de ces dispositifs compensatoires. Ils sont désormais bien connus — déforestation quand une plantation remplace une forêt naturelle, accaparement de terres agricoles, déplacement de populations, etc. — et touchent d’abord, gravement, les pays du Sud.
Notre dossier de ce mois est consacré, quant à lui, à la situation en France où l’on plante à tour de bras, un peu partout, des arbres et des forêts, ou prétendues telles. Planter des arbres dans son jardin ou sur le pourtour de ses terres agricoles constitue un geste plus précieux que jamais. En revanche, les politiques publiques qui misent massivement sur les plantations sont à interroger. Nous examinerons leurs motifs, leurs effets et leurs risques.
Danièle Garet

(1) Certes, il est grand temps d’avoir d’autres idées que le sempiternel bouquet. Silence expliquait pourquoi dans son dossier « Sortir du marché de la fleur », no 503, octobre 2021.

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