Thierry Jobard, libraire, est bien placé pour constater la croissance vertigineuse de livres sur le développement personnel. Les émotions deviennent un marché. Dans un court essai, il démonte les fondements de ces injonctions à l’épanouissement de soi. En s’appuyant sur des philosophes et sociologues, l’auteur montre que le développement personnel est un produit de notre époque. Premièrement du néolibéralisme : démarche qui se fait sans l’autre, en valorisant le moi individualiste, en dehors de toutes perspectives sociales et politiques. Le développement personnel a remplacé le bonheur par le bien-être. Pour y accéder, des pratiques se sont développées, empruntées à des cultures et spiritualités variées, en les neutralisant. Les cadres de référence (famille, religion) ont certes décliné, mais ont été remplacés par un mouvement d’autodiscipline de plus en plus fort. Les entreprises en tirent particulièrement profit. Cet ouvrage permet de réfléchir à pourquoi la deuxième partie de la doctrine du New-age « se transformer soi-même, pour transformer le monde » semble avoir été abandonnée...
Éd. Rue de l’échiquier, 2021, 96 p., 10 €