En 1984, nous participons à une rencontre près d’Annonay sur les questions de développement et d’alternatives à la croissance. Nous y faisons connaissance avec Pierre Rabhi, encore inconnu à cette époque, et avec d’autres dont François Plassard, qui vient de publier Autonomie au quotidien, réponse à la crise ? Ce livre nous plaît beaucoup et il nous donne son accord pour en publier un résumé dans Silence. Cela constitue les dossiers des n° 61 et 62.
Une revue de débats
Dans le numéro 61, Silence publie la lettre du lieutenant Jean-Louis Cahu. Celui-ci, responsable d’un silo nucléaire sur le plateau d’Albion, a déserté. Un événement rare. Nous menons un long entretien avec lui dans le n° 71. Après quelques mois de prison et la perte de son grade, il devient salarié de la Maison de l’écologie de Grenoble.
Dans le n° 66-67, on trouve un premier questionnaire. On y découvre quatre questions ouvertes : Que pensez-vous de l’autonomie au quotidien ? de la lutte pour le gel des armes nucléaires ? des Verts ? du débat sur la démographie ?
Un débat divise les Verts : doit-on chercher ou non à converger avec des mouvements comme la Fédération de la gauche alternative (qui deviendront les Alternatifs Rouge et Vert) et le MAN ? Silence accepte de laisser la parole aux promoteurs de ce rassemblement et cela donne le dossier du n° 70. Le numéro s’intercalant entre deux numéros normaux, Silence sera hebdomadaire pendant 3 semaines. La démarche n’aboutira pas : il y aura deux candidats aux élections présidentielles de 1989, Antoine Waechter pour les Verts, Pierre Juquin pour la FGA.
En mai 1985, SOS-Racisme lance son slogan Touche pas à mon pote. Énorme succès. Silence s’amuse dans le n° 71 à commencer tous les titres des brèves par « Touche pas à... ».
En début d’année, un militant de la revue Diagonales Est-Ouest, qui relaie les initiatives démocratiques dans les pays de l’Est, nous propose un dossier. Il affirme que le régime soviétique est à bout de souffle et que l’on peut s’attendre à son effondrement d’ici quelques années. Au début, nous sommes dubitatifs, mais il arrive à nous convaincre, et dans les numéros 72 et 73, nous publions un historique des luttes à l’Est. Quatre ans plus tard, ce sera la chute du mur de Berlin.
Se professionnaliser ?
Après le numéro d’août, la parution de la revue cesse. L’équipe bénévole, épuisée, se divise : d’une part, ceux et celles qui pensent qu’il faut investir, faire un saut qualitatif pour arriver à embaucher (et ainsi limiter les fluctuations liées au bénévolat) et ceux et celles qui veulent une parution plus réduite, qui pensent qu’un·e salarié·e va faire plonger la trésorerie. Pour ne pas perdre le numéro de commission paritaire (au minimum un numéro par trimestre), un numéro sort en novembre avec un dossier sur les possibilités de poursuivre la revue… Faute de décision, le numéro suivant est confié aux Verts-Rhône et sort en février 1986, avec des textes de leur programme, des appels électoraux et l’annonce de ce qui sera le futur salon Primevère. Silence va-t-il renaître ? MB