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Glyphosate : le scandale continue !

François Veillerette

Pour rappel le glyphosate, matière active herbicide la plus utilisée au monde, a été ré-autorisé en 2017 pour 5 ans au sein de l’Union européenne après une forte mobilisation contre cette ré-autorisation. L’opposition de la société civile était notamment basée sur la classification de l’herbicide comme ‘cancérogène probable pour l’homme’ en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), classification basée sur un examen complet de la littérature scientifique publiée au niveau mondial. L’autorisation arrive donc à son terme en 2022.

Le groupe de pays en charge de la ré-évaluation du glyphosate en Europe (Assessment Group of Glyphosate en anglais) vient de remettre son premier rapport (1) à l’EFSA (Agence de sécurité sanitaire européenne) en amont de cette date. Le groupe est composé d’agences de quatre pays européens : la France, la Hongrie, la Hollande et la Suède. La déception est grande car, comme il y a 4 ans, le rapport considère que le glyphosate n’est pas cancérogène et qu’il devrait donc être ré-homologué en Europe. Circulez braves gens il n’y aurait rien à voir selon ces agences !

Une nécessaire mobilisation contre le mensonge

Cet avis, provisoire et qui sera soumis à des consultations diverses, va servir de base à l’avis de l’Agence sanitaire européenne EFSA… les choses sont donc mal parties du côté des agences qui ne semblent pas vouloir prendre en compte ni la somme de données scientifiques validées examinées par le CIRC en 2015… ni les données scientifiques publiées depuis. La situation est vraiment absurde car depuis 2017 de nombreuses études scientifiques ont confirmé la dangerosité du glyphosate. Ainsi une étude (2) menée sur plus de 300 000 agricult·rices (300 000 !) de 3 pays (France, Norvège, USA) a montré en 2019 un risque accru de 36 % de développer un lymphome spécifique chez les utilisateurs de glyphosate. La même année une autre étude basée sur une revue bibliographique montrait une augmentation de 41 % du risque de lymphomes chez les utilisateurs de l’herbicide (3). On pourrait continuer comme ceci pendant des pages… Mais cela n’empêche pas les défenseurs du glyphosate de continuer à prétendre qu’aucune étude n’existe montrant la cancérogénicité de l’herbicide, comme si un mensonge mille fois répété pouvait devenir une vérité !
Devant ce mur du déni de la science tous les écologistes et scientifiques soucieu·ses de santé publique vont devoir déployer une énergie immense dans les 18 mois qui viennent pour faire barrage à la ré-homologation de cet herbicide, que le gouvernement français a renoncé à interdire, malgré les promesses présidentielles de 2017 ! Vous pouvez compter sur Générations Futures pour être à leurs côtés !

François Veillerette

Notes :
(1) « Procedure and outcome of the draft Renewal Assessment Report on glyphosate, June 2021 », sur https://ec.europa.eu/food.
(2) Pesticide use and risk of non-Hodgkin lymphoid malignancies in agricultural cohorts from France, Norway and the USA : a pooled analysis from the AGRICOH consortium. International Journal of Epidemiology, 2019, 1–17.
(3) Exposure to glyphosate-based herbicides and risk for non-Hodgkin lymphoma : A meta-analysis and supporting evidence, Mutation researc, volume 781, July–September 2019, pages 186-206.

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