Le n°37 de la revue Silence connaît une destinée bien particulière. Le dossier présente Les nouveaux indiens d’Europe : quelques personnes proches de Silence sont allées faire un stage dans une Université de la paix à Paris. Ils et elles ont découvert, dans une ancienne usine près de la gare d’Austerlitz, un lieu avec bibliothèque, restaurant végétarien, aromathèque… où vivent des personnes qui rêvent de vivre comme les Amérindien·nes. La présentation est flatteuse. Mais rapidement, d’autres échos se font jour qui nous alertent sur la présence d’un grand chef, un financement obscur, des histoires sexuelles douteuses… En juin, les aut·rices du dossier demandent de retirer le numéro de la vente. Ce qui est accepté. Mais surprise, en ouvrant nos boîtes archives, nous découvrons que les 5 numéros que l’on met de côté à chaque parution, ont disparu. Ce qui crée un conflit interne. Quelques années plus tard, nous apprenons que le gourou a été arrêté en Belgique… pour trafic d’armes ! Il se servait de ce groupe comme couverture.
Le n°40-41 de la revue a pour dossier la gratuité du transport de voyageurs. Comme d’habitude, c’est Michel Balme qui fait la couverture. Mais problème : c’est aussi lui le dessinateur des TCL, les transports en commun lyonnais, dont il fait les dessins anti-fraude ! Cela provoque quelques débats… à Silence, mais aussi aux TCL.
Le dossier d’été, n°48-49, présente le potentiel de l’énergie solaire dans les pays du sud. Il est rédigé par Roger Bernard, le père de Michel, spécialiste du sujet. Deux ans plus tard, cela sera repris dans le premier livre qu’éditera Silence : Le Soleil à votre table.
Le sous-titre change en septembre. Journal écologique Rhône-Alpes devient Écologie, alternatives et non-violence. Ceci vient du constat que sur 450 abonné·es, 60 sont hors-région, que les dossiers ne sont que rarement régionaux et qu’il y a de plus en plus de brèves qui sont hors-région. La revue n’est donc plus spécialement régionale. C’est aussi à partir de ce moment que se développent les présentations d’alternatives concrètes.
Le n°54 présente un dossier sur la démographie. Jean Brière, alors porte-parole des Verts, compare la densité de population au taux de naissance ; ainsi les pays du sud (mais aussi l’Europe) ont trop d’enfants. Un discours qu’aujourd’hui Silence aborde différemment : 1,8 enfants par femme aux États-Unis donne une empreinte écologique bien plus importante que les 6,3 enfants par femme au Mali. La surconsommation est un problème plus important que la natalité.
Le 14 novembre, Silence assiste à une conférence à Lyon de l’écologiste libertaire états-unien Murray Bookchin. Ce sont les Ateliers de création libertaire qui ont organisé sa venue et c’est Mimmo Pucciarelli qui anime la soirée. C’est le coup de foudre ! Sa conférence sera reprise en article puis un entretien constituera un dossier en février 1985. Cela nous permet d’affirmer nos différences avec un parti comme les Verts qui vise la prise de pouvoir et le changement par le haut. MB
1984 : Murray Boockchin et le municipalisme libertaire
Alors que les Verts partent à la conquête du pouvoir, Silence croit au changement par le bas.
Silence existe grâce à vous !
Cet article a été initialement publié dans la revue papier. C'est grâce à vos abonnements et à la vente de la revue que nous pouvons continuer à proposer des alternatives à la société consumériste et destructrice actuelle. Sans publicité, sous forme associative, notre indépendance et notre pérennité dépendent de votre engagement humain et financier !