Mais l’industrie de la viande, qui emploie au moins 7 millions de personnes au Brésil, pose aussi d’autres problèmes. Ainsi, depuis 1995, un tiers des 55 000 personnes qui ont été sauvées de l’esclavage ou du travail forcé par les autorités travaillaient dans des zones de pâturage, où elles étaient essentiellement employées à défricher ou raser la forêt. Ces situations extrêmes sont favorisées par des chaînes d’approvisionnement complexes et peu contrôlées.
Un marché mondial
Quatre grandes entreprises dominent le marché de la transformation et du commerce de viande au Brésil : JBS, Minerva, Marfriq et BRF. C’est le résultat d’un processus de concentration qui a commencé il y a une vingtaine d’années, avec le soutien actif de l’État à ses « champions nationaux ».
Si la majeure partie de leur production est consommée dans le pays, la viande brésilienne est désormais consommée dans plus d’une centaine de pays, sur tous les continents et notamment en Chine. De leur côté, les pays européens ont absorbé, en 2019, 34 % de la production de bœuf en conserve ou séché et 73 % de la volaille transformée, essentiellement sous forme de « nuggets ».
« Blanchiment de bétail »
Depuis maintenant 10 ans, les multinationales brésiliennes se sont engagées à ne plus faire d’affaires avec des élevages ayant été condamnés pour travail forcé ou déforestation illégale. Elles ont mis au point des systèmes informatisés pour les repérer, en se basant sur les données officielles. Mais ces systèmes présentent des failles. Ainsi, la plupart des élevages condamnés à des amendes pratiquent le « blanchiment de bétail » en confiant la vente à d’autres exploitations.
Un accord a été signé en juillet 2020 par les entreprises pour harmoniser leurs dispositifs et éviter que la viande refusée par l’une d’elle soit vendue à une autre. Mais pour l’instant, rien ne garantit que la viande exportée soit produite dans de bonnes conditions.
Un accord commercial sans garanties
Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’un projet d’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, c’est-à-dire l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay prévoit de favoriser les importations de viande en Europe grâce à différents assouplissements, sans pour autant garantir un meilleur contrôle sur le respect de l’environnement et des droits humains.
Comme souvent, il contient bien des clauses de principe, mais ne prévoit aucun mécanisme permettant concrètement de prévenir ou sanctionner les violations de droits dans les chaînes d’approvisionnement. Plus de 450 associations et organisations de la société civile se mobilisent donc, à travers le monde, pour demander l’abandon de ce projet d’accord commercial.
Alexia Delfosse
Sources :
« Brazilian meat and the UE-MERCOSUR agreement », un rapport de l’ONG Repórter Brasil, sur https://friendsoftheearth.eu.
https://stopeumercosur.org