Le système de la Françafrique, notamment, perpétue une mainmise politique de la France sur des approvisionnements stratégiques en matières premières en Afrique.
Présentées généralement de façon consensuelle, les initiatives « écologiques » mises en place par les États, les institutions internationales et les multinationales sont également destructrices. L’installation d’équipements pour les énergies renouvelables, l’acquisition de surfaces pour la compensation carbone ou la mise en parc de territoires habités pour protéger la nature sont des projets qui, de fait, exploitent ou chassent violemment des populations au sud pour les besoins (écologiques, économiques, culturels) du nord et qui imposent une vision uniforme de ce que doit être la nature.
En ce sens, l’écologie est, entre autres, un problème éminemment colonial. Nos analyses politiques doivent intégrer cette dimension, au risque, sinon, de perpétuer des dynamiques impérialistes et racistes. (1)
Ce dossier interroge la dette écologique des pays riches. Comment nos mouvements d’écologie politique peuvent-ils s’extraire de ces logiques en proposant une vision décoloniale vis-à-vis des pays du Sud, mais aussi à l’intérieur de nos sociétés en combattant les différentes formes de racisme environnemental (les personnes non-blanches sont davantage exposées aux dégradations et injustices écologiques) ?
Cette réflexion doit devenir un enjeu central dans nos cercles et nos mouvements.
Gaëlle Ronsin et Guillaume Gamblin
(1) Et d’ailleurs trois des quatre articles de ce dossier sont écrits par des hommes blancs, signe que la rédaction de Silence a elle-même du chemin à faire pour décoloniser ses manières de faire...