C’est dans des locaux flambants neufs mais de taille modeste que nous accueille Stéphanie Vidal, la directrice de l’école Caméléon. Comprenant tous les niveaux de la maternelle au primaire, l’école Caméléon rassemble actuellement cinq élèves dans deux sections uniques (à la rentrée 2021, ils seront une quinzaine) au carrefour des pédagogies alternatives Montessori, Freinet et Steiner. « Nous consacrons une demie-journée de la semaine à des actions et discussions autour de l’écologie et des enjeux de demain », précise Stéphanie.
« Les élèves ont le droit de bouger si cela facilite leur apprentissage, leur concentration et les interactions entre élèves. Ils peuvent souffler avant de se consacrer à une nouvelle activité. » Il y a bien quelques tables et des chaises mais rien de comparable à une salle de cours dite ‘normale’. Ici, les enfants s’expriment et peuvent délivrer leurs émotions. C’est au travers de la réalisation (d’un hôtel à insectes, d’un volcan d’Auvergne…) que les enfants mettent en œuvre les sciences du calcul et du langage apprises précédemment.
Pas de notation
« Ici, on ne cantonne pas les élèves au niveau d’enseignement de leur classe dédiée : s’ils veulent découvrir plus, libre à eux, on les nourrit de la matière tout en veillant à équilibrer les apprentissages ». D’ailleurs il n’y a pas de notation à proprement parler mais un système individualisé de progression, avec des défis, à partir d’une fiche d’évaluation et des ceintures (rouge, bleue, jaune, noire…) à atteindre. La fiche est personnalisée et suit l’enfant au long de sa scolarité car tout enseignement insuffisamment acquis est reporté sur l’année suivante et ainsi de suite, dans le respect du rythme de l’enfant. « L’important, c’est de préserver une part d’utopie, source de vie, chez l’enfant. Ainsi, ils conservent leur envie d’innover et d’avancer »
Des temps philosophiques pour réfléchir à notre rapport au monde
Il n’est pas rare qu’un temps philosophique soit pris pour discuter de thèmes actuels. Dans le cadre d’une intervention de Silence au sein de l’école, les enfants se sont interrogés sur leur rapport au numérique, et sur la place de la voiture en ville.
Sur le numérique, la confusion est palpable :
« Ça veut dire quoi numérique ? » « C’est un objet le numérique ? » « Personne ne sait. »
Enseignante : « Par exemple, est-ce qu’il y a des choses dans cette classe qui sont numériques ? » -« Noooon » « Numérique ça fait penser à numéro. »
Enseignante : « Je vous donne des exemples : l’ordinateur est numérique, le téléphone aussi. »
« Ah, numérique c’est comme l’informatique : ça veut dire des choses qui sont électriques ? »
Sur le thème de la voiture en ville aussi, les réflexions vont bon train : « Plus tard je pense qu’il y aura moins de voiture, parce que si on continue à en avoir trop, on va continuer à rendre la planète malade, donc il faut changer ! » « Qu’est-ce qu’il va se passer pour la planète sinon ? »
Nicolas Robin
L’école Caméléon, dont l’ouverture en septembre 2020 a été chahutée par le contexte sanitaire, ne reçoit aucune aide de l’État, elle est soumise au Rectorat et compte sur les frais d’inscription et divers mécénats privés pour subvenir à ses besoins.
École Caméléon, 6 avenue Antoine Dutrievoz, 69100 Villeurbanne, tél. : 06 95 80 09 08, https://ecole-cameleon.fr, contact@ecole-cameleon.fr.