Les n°8 et 9 de la revue présentent un texte d’Ingmar Granstedt : Du chômage à l’autonomie conviviale. Ce texte va avoir un gros succès. Il sera repris en hors-série de la revue en 1995 puis édité en livre en 2012. L’auteur, proche des idées d’Ivan Illich, montre comment diminuer notre temps de travail en adoptant individuellement une certaine sobriété, puis comment, collectivement, nous pouvons aller plus loin, et enfin comment les institutions publiques pourraient aller encore plus loin. À l’époque, le débat porte sur les 35h, or ces trois propositions permettraient de descendre à 24h ! Ce qui explique que ce texte soit toujours pertinent.
Le n°12 traite d’un accident chimique dans le 8e arrondissement de Lyon. Cela nous vaut la visite d’un lycéen habitant à côté de l’usine Givaudan : Xavier Sérédine (1).
Dans le n°16, un tract annonce un meeting Déclarons la paix suite au succès du livre de Bernard Benson. Silence y participe et y rencontre deux des organisateurs : Maloin et Jacques Caclin, qui vont devenir très actifs dans la revue.
En 1983, le gouvernement vote une nouvelle loi sur l’objection de conscience qui sort celle-ci de la marginalité. Cela va entraîner une augmentation rapide du nombre d’objecteurs et d’objectrices, mais aussi une dépolitisation de cet engagement. Le dossier du n°19 présente cette nouvelle loi, et rappelle les raisons d’être contre l’armée.
À partir du printemps, la présentation du Jeûne pour la vie prend de plus en plus de place dans la revue. 13 personnes dont, en France, Solange Fernex, Michel Nodet, Jacky Guyon et Didier Mainguy, annoncent un jeûne de durée illimité pour demander aux différents États nucléaires un moratoire sur la course aux armements. Silence s’implique dans l’accompagnement de ce jeûne. En juillet, un numéro double fait la une sur ce sujet. Le tirage est exceptionnel : 6000 exemplaires (au lieu de 1000) envoyés aux fichiers du MAN et d’Artisans de Paix (mouvement proche de l’Arche). Le jeûne commence le 6 août, jour anniversaire du bombardement d’Hiroshima. L’action divise le mouvement politique. Alors qu’un rassemblement se tient dans le Larzac le 6 août sur le même thème, les membres de l’organisation refusent d’annoncer le jeûne. Silence ayant réalisé une banderole géante de 26 m de long, celle-ci est déployée face à la scène, malgré les tentatives de blocage de la part de personnes d’extrême-gauche. A Villeurbanne, le maire est Charles Hernu, ministre de la Défense. Différents mouvements se retrouvent alors devant la mairie pour assurer un jeûne tournant. Des actions de plus en plus spectaculaires vont se dérouler un peu partout. Le jeûne s’arrête au bout du 41e jour quand la vie de Solange Fernex est en jeu. Il y a alors plus de 1000 personnes qui jeûnent en France. Un livre sera ensuite édité aux éditions Utovie dont la partie lyonnaise est racontée par Michel Bernard (2).
MB
(1) Il va s’impliquer progressivement dans la revue, et après des études en informatique, va nous aider dans ce domaine. Il sera administrateur de longues années.
(2) ) Solange Fernex, La Vie pour la vie : jeûne pour la vie : août-septembre 83, éd. Utovie, Collection Pour que la joie demeure, 1985.