En 2005-2006, pendant 15 mois, l’anthropologue Didier Fassin a partagé le quotidien d’une Brigade anti-criminalité de la région parisienne. Il a recueilli de nombreux témoignages entendus dans les véhicules des policiers. Il montre combien ceux qui sont chargés d’intervenir sur les flagrants délits, particulièrement la nuit, finissent par provoquer les jeunes, par désoeuvrement. Il rapporte les propos racistes, la propagande de certains pour l’extrême- droite, les actions illégales… et le dégoût d’autres policiers devant ces dérives. Il en a sorti un livre qui a provoqué des réactions contrastées dans la police et au ministère de l’Intérieur. La BD raconte aussi la suite : l’auteur a participé à une commission qui a fait des propositions pour retisser les liens entre la police et les jeunes (ne pas recruter de militants racistes et écarter ceux qui sont en place, féminiser la profession, développer une police de proximité sans armes, etc.)… rapport qui n’a jamais été repris par aucun politique. Le racisme est toujours bien implanté au sein des forces de l’ordre. Les violences se poursuivent et augmentent sans cesse. Désespérant.
Éd. Seuil/Delcourt, 2020, 104 p., 18 €