En réponse à la question du titre de l’ouvrage, le philosophe de l’écologie Callicott expose les deux interprétations classiques de la Genèse. La première, dite « interprétation despotique » montre une espèce humaine seule créée à l’image de Dieu, le monde a été fait pour elle et lui appartient. Cette interprétation autorise donc l’exploitation sans état d’âme de la nature. La deuxième, dite « interprétation de l’intendance » assigne à l’être humain le rôle d’un gestionnaire respectueux de la nature, dont il peut consommer les surplus, en veillant à l’entretenir en bon état. Ainsi lue, la Genèse est compatible avec une certaine écologie. Mais cela reste insuffisant pour Callicott qui propose une troisième lecture, inspirée de John Muir et plus radicale, celle de l’humain comme « membre et citoyen à part entière » de la nature, à l’égal de toutes les autres créatures. La Bible, riche d’une « ambiguïté créative », n’imposerait donc pas la conception d’une séparation humain/nature. Un ouvrage savant mais plutôt clair et fort intéressant, qui revisite le sens du mythe du péché originel.
Postface de Catherine Larrère, éd. Wildproject, 2021, 120 p., 8 €