Quel positionnement stratégique choisir à l’égard de l’État quand on veut faire avancer le féminisme ? Chercher à faire de l’État l’instrument de la réalisation de l’égalité sociale, le combattre en tant que structure profondément patriarcale, ou encore s’organiser à côté de manière autonome ? Les coordinatrices de l’ouvrage reviennent sur les ambiguïtés propres à chaque option, et concluent à l’intérêt de la multiplicité des stratégies de lutte pour ne se faire enfermer ni dans l’institutionnalisation, ni dans les initiatives à la marge. Deux textes explorent comment le féminisme d’État en Égypte et en ex-RDA peut instaurer une tutelle sur les luttes féministes. Le rôle de la justice, qui dépolitise le débat en individualisant chaque cas, ou celui des lois féministes qui servent parfois de prétextes à la stigmatisation d’autres groupes sociaux, sont aussi abordés. Très théorique mais stimulant.
Éd. iXe, 2020, 292 p., 22 €