C’est le grand écart. Après des débuts en tant que consultante pour des entreprises du CAC 40, Corinne Morel Darleux a pris le large pour rejoindre le mouvement Utopia puis le Parti de gauche en 2009 — qu’elle quittera en 2018. Elle y défend l’écosocialisme et devient conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes en 2010. Loin de se cantonner à une politique des partis, elle développe sa propre pensée et publie en mai 2021 Là où le feu et l’ours, roman paru aux éditions Libertalia, comme Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, en 2019. Très remarqué en librairie, cet essai philosophique défendait l’idée du refus de parvenir. On retrouve sa plume régulièrement dans Reporterre ou Socialter, où elle nous aide à démonter les logiques capitalistes, mais aussi à élargir nos perspectives et à nous projeter vers un avenir plus sobre et poétique.
Silence : Vous êtes engagée dans des combats écologistes depuis longtemps. Pourquoi militez-vous ?
Corinne Morel Darleux : Pour que le monde dans son ensemble aille mieux. À la fois les êtres humains, bien sûr, pour lesquels, malgré une tendance lucide à la misanthropie, j’éprouve une empathie et une fraternité très profondes et ancrées, mais aussi pour le reste du vivant et même l’inanimé, les paysages, les saisons, toutes ces choses auxquelles je tiens beaucoup. Je me retrouve beaucoup dans les slogans qui ont émergé ces dernières années sur les questions d’urgence climatique et de justice sociale — une notion qui dépasse les questions d’égalité, trop souvent ambiguës. J’ai toujours insisté sur le fait de ne jamais dissocier les questions sociales et environnementales afin de militer pour les deux, en simultané. Ce qui me manquerait peut-être, dans cette formule, c’est la question de la biodiversité qui, selon moi, est à mettre sur le même plan que le climat. La combinaison des trois — urgence climatique, préservation de la biodiversité et justice sociale — serait pour moi une bonne définition de l’écologie.
Conseillère régionale mais aussi militante : comment arrivez-vous à articuler vos différentes « casquettes » ?
En général, je me présente en effet comme militante écosocialiste, écrivaine et conseillère régionale. Ce sont les trois choses les plus immédiatement identifiables et compréhensibles par tout le monde. Ça me permet de ne pas me restreindre à une case. Ces trois « casquettes » sont complémentaires, elles me permettent d’avoir des points de vue situés et issus de trois registres différents, de m’adresser et de contribuer de manière variée.
Mon mandat me confère une certaine légitimité pour porter des combats et soutenir des contestations mais aussi pour me confronter, dans le cadre du travail que je fais au sein de l’institution, à des personnes qui ne partagent pas mon projet politique ni mes convictions. Ce sont des piqûres de rappel intéressantes, souvent usantes mais qui donnent aussi parfois lieu à de vrais débats contradictoires.
À côté de ça, j’agis avec des réseaux plus affinitaires, qui partagent mes valeurs et mes cultures politiques, ce qui me permet de me ressourcer et d’être plus directement efficace, sans avoir besoin d’être dans la persuasion mais directement dans la stratégie et l’action.
Enfin, l’écriture est une voie plus récente que j’ai envie d’intensifier dans les années à venir, en allant davantage vers les possibilités qu’ouvre la fiction. C’est un mode d’expression qui me tient à cœur, j’y trouve un plaisir et une liberté qu’on n’a pas en politique ou en sciences humaines. Dans un roman, vous pouvez faire vivre ce que vous voulez à vos personnages, voler dans les airs, recréer une société ou vous métamorphoser en animal… C’est assez extraordinaire comme sensation. Et surtout, je m’en rends compte depuis la parution de mon essai, l’écriture me permet de toucher des personnes bien au-delà des réseaux politiques. Je reçois des témoignages forts et décisifs, comme cela a rarement été le cas. Depuis une quinzaine d’années que je milite, je crois que je n’ai jamais eu de retours aussi satisfaisants et aussi touchants sur l’impact de mon engagement.
L’écologie est plurielle, comment vous situez-vous dans cet univers ?
Je suis très attachée aux mots mais je ne suis pas fétichiste. Honnêtement, je me fiche que les gens se revendiquent de l’écologie sociale, de l’écologie populaire, de la décroissance, de l’écosocialisme ou de l’écologie politique — tant que nous sommes au clair sur les fondamentaux. Derrière ces termes, je place la même lutte contre toutes les formes de domination et pour une écologie qui postule, au terme d’une analyse radicale et d’une réflexion systémique, qu’elle est incompatible avec le système capitaliste. Il s’agit donc de résister à l’emprise de ce système, d’y construire des alternatives et de mener la bataille culturelle pour décoloniser des esprits largement formatés par des codes sociaux, un système de valeurs et de références écrasant, puissant et très présent aujourd’hui dans l’ensemble de la société.
Le projet de Notre-Dame-des-Landes a été abandonné, de même que celui d’Europacity, sur le triangle de Gonesse. Est-ce que l’écologie gagne du terrain, ou ces victoires cachent-elles une forêt de défaites ?
Sincèrement, on perd beaucoup, je trouve, au regard des enjeux et de l’urgence. Mais on ne peut pas se contenter de qualifier nos luttes d’échecs ou de victoires sans regarder lucidement le contexte dans lequel elles s’inscrivent. Si on perd aujourd’hui, c’est avant tout parce qu’on est minoritaires, complètement à contre-courant d’un énorme bulldozer. Le plus surprenant est que, de temps en temps, nous arrivions à arracher des victoires alors qu’on est dans un rapport de force si défavorable ! Et des victoires, des progressions, il y en a. Vous en avez déjà citées, on peut aussi évoquer l’abandon du projet d’autoroute A45, du Center Parcs de Roybon ou du village Club Med à la Clusaz. Sans compter les incroyables révolutions qui tiennent, au Chiapas et au Rojava. Ça ne fait pas toujours la une des journaux, et ces avancées sont sans cesse menacées, mais ce sont des résistances qui comptent. Elles ne sont peut-être pas majoritaires, mais elles sont significatives.
Silence, qui fête aujourd’hui son 500e numéro, accompagne depuis les années 1980 les débats et l’évolution de la pensée écologiste. Quelles sont pour vous les étapes marquantes de cette histoire ?
Des dates qui jalonnent l’histoire de l’écologie, il y en aurait beaucoup à citer ! Sur le terrain des idées, des luttes, des alternatives, ou de l’entrée en politique… Personnellement, j’ai envie de citer Tchernobyl et Fukushima, l’utilisation de l’agent orange au Vietnam ou les essais nucléaires en Algérie et dans le Pacifique, qui sont lourds de conséquences encore aujourd’hui. Et les résistances fondatrices : le Larzac ou Superphénix, à Sivens, à la Zad de Notre-Dame-des-Landes. J’aimerais citer aussi des dystopies politiques et plaidoyers écologiques comme Les Racines du ciel de Romain Gary en 1956, des films comme Le Dernier Rivage en 1959, Roller Ball ou Soleil vert, dans les années 70. Enfin, il y a bien sûr le rapport Meadows, en 1972, qui reste une date fondatrice sur les limites de la croissance, mais aussi, a contrario, le rapport Exxon, en 1982, qui décrit l’effet à venir des émissions de gaz à effet de serre sur le dérèglement climatique, une « bombe » qui a été enterrée par le lobby pétrolier. Ce que je veux signifier avec toutes ces dates, c’est qu’un mélange d’alertes, de désastres, de résistances et de nouveaux imaginaires permet de faire émerger des combats, des contestations et des consciences. Et des utopies, aussi.
Et plus récemment ?
Depuis l’automne 2018, beaucoup de choses ont accéléré : la formation de nouveaux collectifs, la mobilisation de jeunes très engagés, l’émergence de formes d’actions différentes, la jonction des luttes écologistes avec d’autres mouvements, une accélération de la prise de conscience — du moins, dans les réseaux militants. Dire que l’écologie est radicalement anticapitaliste est devenu une évidence dans beaucoup de ces milieux, ce qui n’était pas du tout le cas il y a dix ans. On peut s’en féliciter. En revanche, il faut rester lucide : on est sur des courbes parallèles en terme d’accélération. Deux ans d’accélération dans la politisation des luttes et du mouvement climat, c’est aussi deux ans d’accélération dans la destruction du vivant et la dégradation de la biosphère, deux ans de pollutions, de ventes records de SUV et de montée en puissance de la technologie, de tensions géopolitiques pour l’accès aux ressources, voire du retour du déni climatique dans certaines sphères, avec pour figures de proue Donald Trump ou Jair Bolsonaro. Et malheureusement, cette courbe-là est plus massive, elle a plus d’impact et continue irrémédiablement à détruire les écosystèmes.
Face à cette vague néo-libérale et dévastatrice, quels sont nos leviers d’action ?
Il y en a tout un éventail, que résume ainsi le trépied de la transformation sociale : la résistance au système, la construction d’alternatives et le fait de mener la bataille culturelle. Il y a aussi des leviers qui ne vont pas faire bifurquer la trajectoire mais qu’il faut actionner quand même, parce qu’il y a toujours des combats à mener et quelque chose à sauver : il en va de notre dignité.
Il faut, en premier lieu, continuer d’informer par tous les moyens. En réalité, très peu de personnes font le lien entre la catastrophe écologique et la question économique, entre la manière dont le système de production et de consommation est organisé et ses impacts sur la biodiversité. On voit passer des informations, mais sans toujours avoir les éléments de décryptage ni être en capacité de les structurer en une pensée politique et donc de passer à l’action, individuelle et collective. Il y a donc un travail de politisation à effectuer. Et, disons-le, dans beaucoup de médias, le traitement de la question climatique relève plus de la météo que de l’écologie politique. Enfin, les êtres humains ne sont pas faits que de neurones et d’un cerveau mais aussi d’un maelstrom d’émotions et de sentiments. Il faut donc, au-delà des chiffres et des rapports scientifiques, trouver le moyen de percuter. Pour moi, cela passe par le fait de diversifier nos moyens d’expression et d’aller appuyer un peu partout, dans une forme d’acupuncture politico-sensible, si on veut toucher juste et provoquer un déclic.
Il est urgent et indispensable, en parallèle, d’agir pour ralentir la destruction du vivant. On sait aujourd’hui, en raison notamment des phénomènes d’inertie des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, que le cap des +2° C de réchauffement climatique sera atteint, et probablement rapidement. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire ! Car on sait aussi que chaque dixième de degré supplémentaire a des impacts pires que le précédent. Il faut donc se battre — et ce, dès maintenant — pour chaque dixième de degré, chaque personne fragile et précaire face aux catastrophes en cours, chaque zone humide, chaque espèce d’invertébré. Ça va de l’occupation de chantiers voués à bétonner des terres agricoles aux initiatives d’entraide auto-organisées, à tout ce qui permet d’initier des alternatives et des solidarités qui ne dépendent que de nous-mêmes. Il nous faut à la fois défendre les acquis gagnés sur l’institution, comme la sécurité sociale et les services publics qui agissent comme patrimoine de ceux qui n’en ont pas, et réfléchir sérieusement au fait de choisir nos propres dépendances : il y a des domaines dans lesquels on préfère ne pas dépendre de l’État, et sur lesquels on a la possibilité de s’organiser différemment.
Il est aussi indispensable de ralentir la destruction du vivant
Avez-vous des exemples concrets d’organisations alternatives ?
Il existe de plus en plus de réseaux de paysannerie alternative, de brigades de solidarité, de cantines populaires, de territoires en lutte ou de Zad. Ce sont indéniablement, pour moi, des brèches salutaires et des initiatives à soutenir sans ambiguïté pour qu’elles parviennent à exister autrement qu’en marge du système. Des alternatives, il en existe depuis les années 1960. Elles ont ouvert la voie et offert des îlots de démonstration, elles forment un héritage et des points d’appui déterminants — je pense par exemple à Longo Maï (1). Mais elles n’ont pas eu l’effet de contagion nécessaire pour ralentir l’extension et la mainmise du modèle dominant. Tout le défi — et la réflexion politique — consiste aujourd’hui à déterminer les stratégies qui permettront aux alternatives de sortir de la marge et de faire système, de remplacer les normes actuelles par un archipel aux déclinaisons multiples mais partageant un projet commun. Cela passe par l’alliance entre construction d’alternatives, résistance frontale au système et bataille culturelle. Aucune de ces formes d’action n’y parviendra seule. Avec une stratégie commune, en revanche, on peut envisager d’avancer sans attendre d’être majoritaire, avec tout ce que ça inclut de problématique d’un point de vue démocratique, pour ne pas céder au syndrome de l’avant-garde éclairée ni laisser du monde sur le bord de la route. Vu la gravité et l’urgence de la situation, de plus en plus de collectifs s’y emploient. Il faudrait qu’ils soient plus nombreux.
Qu’est-ce qui caractérise ces nouvelles formes de militantisme ?
Les codes contestataires issus de la gauche ouvrière, pour le dire vite, reposent sur le rapport de force et la culture du nombre : être le plus nombreux possible, au même moment, au même endroit et sur les mêmes mots d’ordre. C’est la base des actions revendicatives. Il me semble qu’avec l’atomisation du monde ouvrier, le dévissage démocratique, la précarisation et le recul des libertés, l’époque a changé. Les nouvelles formes de militantisme se situent davantage dans le registre de l’auto-organisation et de l’action performative,« autoréalisatrice ». Le but n’est pas tant de peser sur le gouvernement, le préfet ou l’institution en général que d’agir collectivement, avec effet immédiat. Cette logique du « faire sans revendiquer » peut aussi s’appliquer au niveau individuel. C’est une ligne à la fois politique et éthique puissante et, pour moi, essentielle.
Changer de paradigme
Cela ne veut pas dire qu’il faut cesser de chercher à établir un rapport de force ou à faire pression sur le gouvernement. Manifester, porter des propositions de loi ou faire un travail de plaidoyer reste utile, mais on ne peut plus s’en contenter. Si les revendications sociales restent nécessaires, plus que jamais, elles doivent s’étendre au-delà des revalorisations de salaire ou des conditions de travail. Les récents mouvements de grève, contre la réforme des retraites ou l’élan incroyable des Gilets jaunes, posent douloureusement la question : peut-on encore s’attendre à et attendre d’être entendus ? Entre la pandémie et le chaos environnemental global, on s’achemine vers une tragédie sociale comme on n’en a jamais connu. Face à ce mur, il me semble qu’il ne s’agit pas de demander plus, mais de demander autre chose, de changer de paradigme et d’imaginer dès maintenant une organisation différente qui, précisément, permette de ne plus avoir à demander. En somme, face au mur du pouvoir, peut-être s’agit-il non plus de le prendre d’assaut mais de faire un pas de coté pour le contourner.
Quand vous parlez de changer de paradigme, est-ce que vous pensez à la décroissance ?
Oui, c’est un terme avec lequel je me suis construite en politique et c’est mon point d’entrée dans le militantisme. Mon engament est né de l’indécence insupportable de voir à Paris des gens dormir dans la rue à coté de vitrines éclairées a giorno pour vendre des gadgets manufacturés par des travailleurs exploités, et destinés à finir à la poubelle à peine utilisés. La décroissance, c’est pour moi la critique de l’accumulation matérielle, de la consommation ostentatoire, de la manière dont la publicité et les effets de mode génèrent des besoins artificiels, et de l’exploitation et de la destruction que cela génère. Cette question est absolument centrale aujourd’hui, pour des raisons à la fois éthiques et géophysiques. Si on devait résumer tous ces problèmes à la serpe, la réalité c’est qu’il faudrait cesser de produire de la matière. C’est loin d’être simple, mais ça pourrait représenter un beau défi : comment fait-on avec ce qu’on a déjà produit ? Voilà qui serait fécond, exigeant et ouvrirait des horizons… J’ai réellement l’impression qu’on est en train de passer à coté de la possibilité d’un élan inédit, qui nous permettrait de faire de nécessité vertu. Une telle réflexion, si on la tire avec honnêteté jusqu’au bout, imposerait le partage et nous obligerait à faire preuve de créativité, à remettre en question la propriété privée et à définir ce à quoi l’on tient, réfléchir aux nécessités et au superflu. En somme, à redéfinir notre rapport au monde. C’est la seule décision qui pourrait réellement nous redonner une chance.
Quel programme ! Mais alors, quels sont les freins à la mise en place d’une société décroissante ?
Ils sont nombreux. Il y a d’abord une part d’ignorance, ou d’indifférence fatiguée, qui n’est pas étrangère aux conditions matérielles d’existence. Qui, aujourd’hui a le temps, le loisir, les clés et la disponibilité nécessaires pour aborder toutes ces questions posément ? Je crois foncièrement que les questions d’implication citoyenne et d’éducation populaire sont étroitement liées à celles de sécurité matérielle et de temps libéré. Promouvoir la semaine de vingt heures ou le revenu universel, c’est se donner une chance de retrouver de la disponibilité hors de « gagner sa vie », un temps qui ne soit pas dédié au travail ni aux factures à régler. C’est l’une des conditions de l’engagement. La fabrique de l’ignorance et la dépolitisation passent aussi par le maintien dans une condition sociale précaire et bancale.
Ensuite, il y a une part de déni, qui peut être légitime. Quand on prend conscience de l’ampleur de la catastrophe, c’est vertigineux. Il peut s’avérer compliqué de vivre avec ce face à face permanent. C’est même parfois insoutenable. Le problème est tellement énorme qu’on ne sait pas par quel bout le prendre, on est tenté de le morceler pour pouvoir l’appréhender. Et beaucoup de personnes n’ont pas la formation politique qui permet de passer du registre de l’émotion à l’analyse systémique et à l’action collective.
Mais il y a surtout un frein énorme qui réside dans les intérêts économiques et les lobbies. Nos vrais adversaires, ce sont ces personnes et ces organisations qui savent l’étendue du problème, qui ont les leviers pour agir de manière significative et qui, de manière délibérée, choisissent de ne pas les activer. Les vrais coupables sont là.
Il faudrait aussi faire rêver
Enfin, soyons honnêtes : les propositions qu’il faudrait mettre sur la table ne font pas envie. Électoralement, ce n’est pas très porteur aujourd’hui de dire qu’il faut moins se chauffer, acheter moins de vêtements, renoncer aux voyages aéroportés, arrêter la viande, refuser la 5G ou boycotter Amazon… Ça ne fait pas rêver. Le problème est que le « rêve » moderne, celui du progrès, de la croissance, du quart d’heure de célébrité et de la Rolex, est en train de nous coûter très cher — menaçant les conditions mêmes de vie sur Terre. Si on ne trouve pas la manière d’y opposer un autre projet, attirant et émancipateur, avec la même part de bonheur et de liberté mais inscrite dans un cadre radicalement différent, avec d’autres conceptions de la réussite et de ce qui est classe ou non, on n’y arrivera pas. On a besoin d’utopies politiques pour nous guider, d’autres sources d’inspiration que Hanouna ou Bolloré. Mon envie de me lancer dans la littérature jeunesse vient aussi de là : parce que les lectures façonnent et aident à se construire en terme d’imaginaire. Et que s’il peut y avoir un sursaut, il me semble qu’il réside dans cette génération-là.
Propos recueillis par Martha Gilson
(1) Voir Silence no 458, été 2017