Chronique L’écologie c’est la santé Santé

Quand des plastifiants menacent le cerveau de nos enfants

François Veillerette

On savait depuis plusieurs années que certains pesticides menaçaient le bon développement des capacités cognitives des enfants (1). Mais de plus en plus d’études scientifiques paraissent qui montrent que de nombreux autres composés chimiques sont suspectés de produire des effets similaires. C’est le cas de deux études parues en cette année 2021 et qui concernent des composés utilisés dans des matières plastiques.

La première (2), réalisée par une équipe suédo-étasunienne, nous montre que le bisphénol A (le fameux BPA (3), composant majeur des plastiques durs ‘polycarbonates’, mais aussi deux autres bisphénols (le S et le F) contaminent plus de 90% des femmes suivies par l’étude. Mais la découverte majeure de l’étude est que l’exposition prénatale au Bisphénol F est associée à une baisse de quotient intellectuel (QI) chez les enfants de sept ans ayant été exposés in utéro (l’exposition in utéro étant caractérisée par l’analyse des urines des mères prélevées durant la grossesse). Problème : ce bisphénol F fait partie des substances alternatives possibles au BPA dans certains produits de consommation, ce qui pose la question de la substitution d’une substance dangereuse… par une autre qui l’est également mais est moins bien étudiée !
Ne pas remplacer une substance toxique par une autre !
La seconde étude (4), réalisée par une équipe de spécialistes étasuniens des effets des substances chimiques toxiques sur le neurodéveloppement, se base sur l’examen d’une littérature scientifique abondante pour montrer que l’exposition périnatale à d’autres plastifiants, les orthophtalates, peut nuire au développement du cerveau, augmenter les risques de troubles de l’apprentissage, de l’attention et du comportement pendant l’enfance. Les auteurs prolongent ce constat en soulignant l’omniprésence de ces composés dans notre environnement et en plaidant pour une régulation très stricte dans l’immédiat et leur élimination à terme. Là encore ils mettent en garde contre la substitution d’un phtalate… par un autre !
On le voit, les connaissances s’accumulent pour montrer que de nombreuses substances plastifiantes sont des perturbateurs endocriniens et peuvent agir de manière dramatique sur le bon fonctionnement du cerveau de nos enfants. Nous devons en avoir conscience dans nos choix quotidiens, mais surtout les autorités doivent tout faire pour mieux évaluer et rapidement bannir ces substances de nos environnements. Il en va de la santé de nos enfants !
François Veillerette
Générations Futures
(1) Seven-Year Neurodevelopmental Scores and Prenatal Exposure to Chlorpyrifos, a Common Agricultural Pesticide Virginia Rauh et al. Environ Health Perspect 119:1196–1201 (2011), sur https://ehp.niehs.nih.gov
(2) Prenatal exposure to bisphenols and cognitive function in children at 7 years of age in the Swedish SELMA study. Environment International, Bornehag et al. Volume 150, May 2021, 106433, sur https://www.sciencedirect.com
(3) Le BPA est un perturbateur endocrinien bien connu en France pour avoir été interdit dans les contenants alimentaires en 2012 par la ‘loi Bapt’.
(4) Neurotoxicity of Ortho-Phthalates:Recommendations for Critical PolicyReforms to Protect Brain Developmentin Children Engel et al. Am J Public Health, 2021, sur https://ajph.aphapublications.org

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