Face à la lame de fond des « villes intelligentes », de « l’agriculture connectée », etc... promues main dans la main par les industries du numérique et par les États, réaffirmons que la transition écologique ne passera pas par le numérique. Critiquer la dérive d’une partie de l’écologie vers le tout-numérique est au cœur du combat décroissant. Une « appli » sur son smartphone permettant de scanner les produits dans un supermarché et de classer leur toxicité suivant un algorithme opaque ne remplacera jamais des lois qui devraient nous protéger collectivement de tout empoisonnement par les produits de consommation, et ne remplacera pas non plus la relation à un·e product·rice sur le marché ou dans une Amap.
Pourtant, pour de nombreux collectifs récents (Extinction Rebellion, Youth for climate, etc.), revendiquant une écologie radicale dans leurs analyses comme dans leurs modes d’action, le numérique semble être l’écosystème naturel des mobilisations écologistes.
Cela nous pose question. Et nous renvoie à nos propres contradictions. Silence diffuse certes une revue papier mais son infrastructure de travail et ses modes de communication passent énormément par les écrans et par les usages d’internet. Les débats sont constants au sein de la revue sur l’opportunité de tel ou tel usage du numérique.
Les usages sociaux, horizontaux, « libres » du numérique, les pratiques de réparation, permettent de moins nourrir la société de surveillance et les monopoles capitalistiques, de moins détruire la planète. Mais promouvoir un numérique à visage plus humain, c’est rendre finalement la vie numérique plus acceptable.
Nous avons eu envie d’explorer le sujet à travers divers aspects : un débat de fond sur les différents niveaux de critique de la société numérique, un exemple de résistance au tout-numérique dans les métiers de la psychiatrie, et enfin une analyse politique des aberrations de la 5G et de « son monde », celui d’une société des objets connectés et des ondes électromagnétiques au profit d’une surveillance toujours plus forte et des intérêts des grandes multinationales du numérique.
Se poser des questions et cultiver l’esprit critique quels que soient les choix technologiques que l’on fait, résister au totalitarisme du tout numérique : un programme compliqué mais nécessaire, à réaliser au jour le jour.
Guillaume Gamblin