Il existe plusieurs manières d’aborder la réflexion sur la crise écologique actuelle. À travers ces douze entretiens, douze entrées différentes. Gaël Giraud, économiste, s’intéresse aux capacités de reconstruction écologique dans le cadre d’une lutte pour la justice environnementale. Philippe Bihouix, ingénieur, prône une évolution vers la sobriété en réorientant la recherche vers les moyens nécessitant peu de technologie (low-tech). Agnès Sinaï, enseignante à Science-Po sur les politiques de décroissance, pense décentralisation des prises de décision à travers le concept de biorégions. Catherine Larrère, philosophe, estime que l’on peut agir par le droit à condition de considérer les non-humains comme des sujets de droit comme cela commence tout juste à se faire. Baptiste Morizot, philosophe, envisage une nouvelle relation au vivant pour sortir de la coupure artificielle entre culture et nature. Glenn Albrecht, philosophe australien, a créé tout un vocabulaire pour donner des noms à de nouvelles émotions (solastalgie, souffrance provoquée par la destruction de son milieu naturel). Bertrand Guillaume, historien des sciences, dénonce la fuite en avant masquée par la recherche de solutions technologiques comme la géo-ingénierie. Virginie Maris, philosophe de l’environnement, remet en cause l’anthropocentrisme et développe ce que nous pouvons apprendre de la nature. Malcolm Ferdinand, politiste, montre combien le colonialisme, toujours présent aujourd’hui sous différentes formes, contribue à détruire les humains et la nature. Corinne Morel-Darleux, élue issue du Parti de gauche, s’interroge sur les stratégies possibles pour fédérer les mouvements alternatifs et renverser les structures de pouvoir existantes. François Gemenne, membre du GIEC, enseignant à Science-Po, montre comment les migrations, de plus en plus liées aux questions environnementales, pourraient se faire dans un cadre apaisé. Serge Morand, écologue, travaille sur la multiplication des crises sanitaires montrant les liens avec l’uniformisation et l’industrialisation du monde (monoculture, élevage industriel…). Si parfois, le niveau de réflexion est un peu élevé, cela se lit bien dans l’ensemble et ouvre de très nombreuses pistes de réflexion positives. MB
Éd. Marabout, 2020, 264 p., 17 €
Face aux chocs écologiques 12 entretiens pour comprendre l’anthropocène de Philippe Vion-Dury et Rémi Noyon
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