« Quand on a commencé à imaginer ces parcs solaires, nous n’étions que cinq habitant·es, » raconte Bertrand Delpeuch, le président de Céléwatt. Aujourd’hui, ils et elles sont près de cinq cents sociétaires, au deux tiers des Lotois·es et des Aveyronnais·es. Tou·tes ont souscrit des parts dans Céléwatt, dont le capital social culmine à plus de 300 000 euros.
En seulement quatre ans d’existence, la société coopérative a connu un bel essor. Un deuxième parc solaire est en cours de construction à Carayac, à une dizaine de kilomètres, et d’autres sont à l’étude. « On n’a pas d’autre prétention que de produire l’électricité de nos communes. Mais ce n’est déjà pas si mal ! », explique le retraité.
Sur le site de Carayac, Céléwatt a remplacé les supports en acier galvanisé par du bois brut. Les panneaux photovoltaïques sont portés par des petits chênes du causse, coupés à trente kilomètres du site. « On économise toute l’énergie nécessaire à l’extraction du minerai, son transport sur des milliers de kilomètres, sa transformation et son façonnage ».
Les terrains sont choisis parmi d’anciennes friches agricoles laissées à l’abandon et gagnées par la végétation. À Brengues, Céléwatt mène, avec le parc naturel régional, une étude naturaliste pour analyser les conséquences du projet sur la faune et la flore. Des haies d’arbustes ont été plantées pour faire venir des oiseaux et cacher à la vue les panneaux. « Nous voulons montrer que la biodiversité peut être aussi riche qu’avant », dit Betrand Delpeuch.
« On a réussi à embarquer les gens avec nous »
Si les personnes qui ont souscrit bénéficient de défiscalisation, le profit reste limité. Le taux de rendement de leurs parts équivaut à celui de l’inflation, et les bénéfices de la société — autour de 30 000 euros chaque année — sont directement réinvestis pour construire de nouveaux parcs.
L’avenir de Céléwatt semble dégagé. Son rêve est de mailler le territoire de petites centrales villageoises. « 7 % de l’électricité est perdu dans les réseaux de transport. Pour être plus économe, il est indispensable de relocaliser la production », pense Bertrand Delpeuch. La société coopérative bénéficie d’un soutien d’Enercoop, un fournisseur d’électricité 100 % renouvelable qui lui achète sa production à un tarif préférentiel.
Car aujourd’hui en France il n’y a aucune forme de soutien pour les petits parcs solaires au sol. L’initiative dépend donc de la solidarité des coopérat·rices d’Enercoop, qui acceptent de payer l’électricité un peu plus cher. « On vit la même situation que l’agriculture biologique, constate Bertrand Delpeuch. À défaut de politique structurelle, on doit compter sur l’aide des citoyen·nes pour porter ces alternatives. »
Gaspard d’Allens