L’association L’Engrenage à Charlieu : comment impliquer les habitant·es en zone rurale
L’association, créée en 2013, s’articule autour de deux lieux : un café-ressourcerie-docu-ciné dans le centre de Charlieu (dans la Loire) et un groupement d’achat, l’Engrain, situé à quelques kilomètres dans la bourgade de Chateauneuf. Un paysan-boulanger, président de L’Engrenage à ses heures perdues, met à disposition sa chambre froide pour le stockage des produits, distribués deux fois par an. Ceux-ci sont vendus avec une petite marge, suffisante pour permettre l’embauche d’une salariée à temps partiel qui coordonne l’action des bénévoles. Tout n’y est pas bio, la priorité étant donnée au local. Ce sont les adhérent·es qui définissent les produits à acheter, au gré de leurs envies. Marie et sa fille Anna sont impliquées à 200 % dans ce groupement d’achats et aimeraient être plus soutenues dans cette tâche. Avis aux volontaires !
l.engrenage.charlieu@gmail.com. Anna, salariée : 06 08 76 32 10
La Ferme de l’Enfer... ou tout son contraire !
Malgré le nom – qui désigne le fond, l’endroit reculé – la ferme de Christophe est un petit bijou de résilience. Non-issu du monde agricole et installé depuis 10 ans, il a fait ses choix à l’aune de la collapsologie. À 18 ans, il rêve que des citadin·es fuient en masse vers les campagnes en recherche de nourriture. La lecture de La panthère des neiges de Sylvain Tesson et son engagement en tant que paysan depuis 1986 l’a amené sur la voie. Ainsi, il s’est installé sur une grande ferme entourée de prés et de forêts, qui assurent 100 % de l’alimentation de ses vaches à viande (de race Aubrac, plus rustiques que les charolaises élevées dans le coin) ainsi qu’une réserve en eau qu’il a canalisée dans un grand étang. Il dispose également d’un potager vivrier pour lui, son fils et les woofeu·ses de passage. Christophe cultive l’ouverture et les réseaux locaux : vente à la ferme ainsi qu’au Magasin des possibles (épicerie au village à 2 km), création d’un ‘’martsi’’ (petit marché) à Semur-en-Brionnais, accueil à la ferme d’événements proposées par le groupement citoyen les Vie la Joie.
Ferme de l’Enfer entre Saint-Julien-de-Jonzy et Semur-en-Brionnais (Saône-et-Loire)
Christophe Wagner : cwagner_56@yahoo.fr, tél. : 06 71 03 84 71, accueil en woofing au potager, à la traite des chèvres et divers travaux.
Chemin faisant...
Un débat sur les modes d’action
Lors du passage de l’Echappée Belle à la Ferme de l’Enfer, un grand débat est proposé sur les modes d’action pour répondre aux enjeux climatiques, environnementaux et sociaux de notre époque. Une cinquantaine de personnes, dont la moitié d’habitant·es venu·es avec leurs enfants, y participent.
L’un des animateurs évoque son engagement à Greenpeace et la nécessité d’une action globale au-delà des efforts personnels. Christophe, lui, œuvre plutôt au quotidien pour se préparer à l’effondrement. Il n’est pas défaitiste et continue à planter des arbres, construire des murets en pierre pour les futures générations notamment à travers ses trois fils.
D’autres points de vue sont donnés par les participant·es. Les Gilets jaunes sont évoqués comme mouvement populaire de gestion des communs. Les questions de la diversité des tactiques, du rapport à la violence, du local et du global, de l’individuel et du collectif, de la mise en cohérence de sa vie et de ses valeurs, du politique, de la temporalité – temps que l’on prend, temps qui nous reste, sont posées. Il est rappelé que les débats autour de la violence sont souvent minés, la violence étant présente en permanence dans les rapports de domination et les structures d’oppression. Il semble clair que les modes d’action doivent être adaptés au combat à mener, à l’interlocuteur que l’on a face à soi : si le dialogue semble la solution la plus appropriée pour discuter avec son voisin agriculteur pour qu’il arrête de mettre du glyphosate dans une cour partagée avec une habitante, il peut s’avérer insuffisant quand il s’agit de changer une loi. Il est rappelé que des modes d’action que l’on oppose s’avèrent bien souvent complémentaires à l’instar de la lutte pour les droits civiques des afro-américains aux États-Unis qui s’est appuyée aussi bien sur la non-violence de Martin Luther King que sur les actions directes de Malcom X. À l’échelle du territoire du Brionnais, cette complémentarité se traduit par la nécessité de fermes pour nourrir les personnes en lutte et de personnes en lutte pour faire bouger les lois sur l’alimentation, la politique agricole commune, les conditions de vie et d’abattage des animaux d’élevage, les semences paysannes ou encore l’interdiction des pesticides.
Ce riche débat n’aura pas de conclusions : il n’y a pas de solution toute faite pour résoudre les injustices sociales et le désastre environnemental en cours, seulement des chemins à débroussailler, des rêves à construire, ensemble.
Le Magasin des possibles à Semur-en-Brionnais
Lors du passage de l’Echappée Belle à la Ferme de l’Enfer, un grand débat est proposé sur les modes d’action pour répondre aux enjeux climatiques, environnementaux et sociaux de notre époque. Une cinquantaine de personnes, dont la moitié d’habitant·es venu·es avec leurs enfants, y participent.
L’un des animateurs évoque son engagement à Greenpeace et la nécessité d’une action globale au-delà des efforts personnels. Christophe, lui, œuvre plutôt au quotidien pour se préparer à l’effondrement. Il n’est pas défaitiste et continue à planter des arbres, construire des murets en pierre pour les futures générations notamment à travers ses trois fils.
D’autres points de vue sont donnés par les participant·es. Les Gilets jaunes sont évoqués comme mouvement populaire de gestion des communs. Les questions de la diversité des tactiques, du rapport à la violence, du local et du global, de l’individuel et du collectif, de la mise en cohérence de sa vie et de ses valeurs, du politique, de la temporalité – temps que l’on prend, temps qui nous reste, sont posées. Il est rappelé que les débats autour de la violence sont souvent minés, la violence étant présente en permanence dans les rapports de domination et les structures d’oppression. Il semble clair que les modes d’action doivent être adaptés au combat à mener, à l’interlocuteur que l’on a face à soi : si le dialogue semble la solution la plus appropriée pour discuter avec son voisin agriculteur pour qu’il arrête de mettre du glyphosate dans une cour partagée avec une habitante, il peut s’avérer insuffisant quand il s’agit de changer une loi. Il est rappelé que des modes d’action que l’on oppose s’avèrent bien souvent complémentaires à l’instar de la lutte pour les droits civiques des afro-américains aux États-Unis qui s’est appuyée aussi bien sur la non-violence de Martin Luther King que sur les actions directes de Malcom X. À l’échelle du territoire du Brionnais, cette complémentarité se traduit par la nécessité de fermes pour nourrir les personnes en lutte et de personnes en lutte pour faire bouger les lois sur l’alimentation, la politique agricole commune, les conditions de vie et d’abattage des animaux d’élevage, les semences paysannes ou encore l’interdiction des pesticides.
Ce riche débat n’aura pas de conclusions : il n’y a pas de solution toute faite pour résoudre les injustices sociales et le désastre environnemental en cours, seulement des chemins à débroussailler, des rêves à construire, ensemble.
Dans ce village qui compte 300 habitant·es, l’association les Martselots (marchands, en patois local) des possibles, constituée en 2019, a donné naissance au Magasin des possibles. Depuis juin 2019 on peut acheter dans cette épicerie des produits locaux, au maximum bio et en vrac. Emma, la porteuse du projet, a beaucoup œuvré pour redonner vie à cette épicerie, située dans le même local que l’ancienne, qui n’avait pas réussi à survivre à l’ouverture de deux supermarchés dans la petite ville voisine.
Le format associatif et le bénévolat ont permis de trouver un modèle économique viable et même de salarier Emma en juillet 2020. Aujourd’hui, des habitant·es des villages voisins, jusqu’à 15 km à la ronde, y font leurs emplettes. Le lieu propose également des temps conviviaux tel le café-tartines du samedi matin ou des ateliers couture, débats, jeux... Et pour s’intégrer dans le paysage local, qui réunit néo-ruraux et gens du pays, le magasin refuse de vendre de l’alcool à ses adhérent·es afin de ne pas concurrencer le bar du village, l’Entrecôte.
Le magasin des possibles, tél. : 03 85 81 99 27, lemagasindespossibles@posteo.net.
Photo Cyclistes magasin des possibles. À Semur-en-Brionnais, l’épicerie bio / vrac crée une dynamique de territoire importante.
La Ferme des Grands Noyers : une Oasis de Vie en plein bocage charolais
À l’heure où beaucoup d’humains prennent conscience d’être tous en équilibre instable sur Terre, les 60 ha de la Ferme des Grands Noyers, achetée en 2003 par Éric Privat, se veut un laboratoire d’expériences et une source d’inspiration dans la lignée des Oasis de vie. Cet agriculteur de père en fils pense bio, diversification et autonomie énergétique dès le départ. Il transforme le lait de sa dizaine de vaches en beurre, yaourts et fromages, dispose d’un élevage de 3 000 poules et vend ses produits à l’AMAP de Cluny et à l’épicerie bio de Charolles, la petite ville proche. Il a aussi installé des panneaux solaires thermiques et électriques, mis en place un système de phytoépuration pour économiser et nettoyer les eaux usées et construit des logements en terre-paille pour accueillir les woofeu·ses ou porteurs de projets. En effet, conscient du problème d’accès à la terre pour les jeunes non issus du monde agricole mais qui veulent s’installer, il leur propose un espace test pour leurs cultures. Ainsi, depuis 2016, une cultivatrice de plantes aromatiques, une autre de houblon et un couple de maraîchers sont déjà passés par chez lui et continuent leurs activités agricoles ailleurs. D’autres projets sont en réflexion : méthanisation, atelier de transformation (jus de fruits, farine, conserves,…), production de blé et meulage pour alimenter une voisine, boulangère bio. Avis aux intéressé·es par ce lieu où la paix et la bonne intelligence se respirent tous les jours !
Ferme des Grands Noyers à Verosvres (Saône-et-Loire). Eric Privat : fermedesgrandsnoyers@free.fr, tél. : 03 85 24 88 61, 06 85 60 25 58.
Chemin faisant… Et si on parlait d’abattage ?
Les cyclistes ne peuvent quitter la Ferme des Grands Noyers et le charolais sans mieux comprendre les conditions d’élevage et d’abattage de la filière bovine, faisant la renommée de ce territoire. Pierre Degallier, éleveur de vaches à viande et aussi président de l’association qui milite pour un abattoir de proximité à Cluny, nous apprend que le nombre d’abattoirs s’est considérablement réduit depuis des années. En Saône-et-Loire, les abattoirs de Mâcon et de Louhans (entre autres) ont fermé leurs portes entre 2000 et 2010 au profit de structures industrielles. Leurs capacités sont plus grandes mais spécialisées par filière d’élevage. Aujourd’hui, les éleveurs doivent emmener leurs bêtes à 50-80 km de leur ferme, à Roanne, Paray-le-Monial ou Bourg-en-Bresse. Cette distance engendre stress animal et bilan carbone élevé dont s’offusque Pierre Degallier. Il nous confie aussi un autre problème : lorsque la bête est enlevée à la ferme par l’abattoir, l’éleveur n’a aucune visibilité ni contrôle sur la suite des opérations : conditions de transport, traitement des animaux, procédés d’abattage… En tant qu’éleveur il se sent dépossédé de son travail, de sa relation forte nouée avec les animaux. Alors il multiplie les démarches pour aboutir à l’ouverture d’un abattoir local.
D’Acro’bath à D’Arbrazed : la passion des arbres
« Ohé, y’a quelqu’un ? », interroge-t-on à travers la forêt, levant la tête vers les branches qui accueillent le parc Acro’bath dans le Mâconnais. En quelques minutes, émergent Isabelle et François, équipé·es de baudriers et casques sur la tête. Le duo est passionné par les arbres qu’il considère comme un partie de notre patrimoine commun. Pour Isabelle et François, ils ont une place écologique, esthétique, affective, sociale, économique. Alors c’est tout naturellement que le couple a lié leur métier à la forêt : l’été, il anime et encadrent les parcours grand public dans le parc, le reste de l’année ils réalisent dans le cadre de leur entreprise D’Arbrazed des prestations de bûcheronnage sélectif, d’élagage soigné, de débardage à cheval, tout en prenant soin de vivre au rythme de la forêt et de l’observer. Loin des enseignements de sa formation – qui parlent seulement de cubages, coupes rases et rendements – François a une approche gestionnaire douce. Et il se sert des activités ludiques pour transmettre les connaissances qu’il a de la forêt. Pour aller plus loin, fin 2019, ils créent le groupement la Forêt hospitalière qui décide d’acheter des parcelles pour les gérer collectivement.
Acro’bath, Lieu-dit La Chatelaine, 71250 Bergesserin, http://www.acrobath.com, contact@acrobath.com, tél. : 03 85 50 87 14.
Domaine viticole Philippe Jambon : faire une place aux vins naturels en plein Beaujolais conventionnel
Philippe est un vrai artisan, qui travaille d’arrache-pied pour élaborer des vins naturels sur les 3,5 hectares de son exploitation créée en 1997 à Leynes (Rhône). Il a immédiatement fait le pari de vinifier des vins sans aucune chimie, tant à la vigne qu’à la cave. Loin de l’esprit des vins commerciaux qui sont volontairement standardisés au goût d’une forme de clientèle, les vins naturels essaient d’être au plus près de la qualité de goût des raisins et de puiser leur typicité dans leurs terroirs respectifs. C’est donc une démarche philosophique qui requiert confiance, respect du vivant et de ses aléas, et travail passionné : culture sans herbicides ni pesticides de synthèse, vendanges manuelles en cagettes pour garder les grains entiers. Pour faire connaître ces beaux produits et leur démarche, Philippe a crée Biojoleynes, la fête du vin et du bio qui a lieu tous les ans là où poussent ses vignes.
Domaine Philippe Jambon, vers l’Église, 71570 Chasselas, philippejambon71@gmail.com.
Nous avons également rencontré :
• MagnyÉthique, habitat participatif et écolieu situé à Cublize (Rhône) au cœur du Beaujolais Vert, où sont déjà installés de façon permanente 5 foyers. De la place pour d’autres et la nécessité de travaux de rénovation des futurs appartements... Appel à volontaires pour les chantiers participatifs !
Le projet existe depuis 2016 et s’est implanté en 2019 dans un ancien château avec bâtiments agricoles et divers ateliers, sur un domaine de 8 hectares où les possibilités sont immenses : permaculture, accueil du public, formations, ateliers,…
Plus d’informations sur le site http://magnyethique.org et par mail : contact@magnyethique.org.
• La Brasserie Teddy Beer a été créée en 2017 par Thomas, associé à sa compagne Johanna. Leurs cuves et chambre froide sont installées au sous-sol de leur grande maison et la réserve de bouteilles à remplir est impressionnante. Les bières sont vendues dans plusieurs boutiques à Lyon (et ailleurs).
Thomas est un passionné, généreux dans les explications - certes techniques mais tellement concrètes et riches qu’on l’écoute des heures durant.
Brasserie Teddy Beer, Au Vivier, 71220 Pressy-Sous-Dondin, thomas@brasserieteddybeer.fr, tél. : 06 76 80 12 47.
• Côté Pain, fournil bio à Montmelard (Saône-et-Loire), tenu par Sylvie Bricard qui vend une partie sur place dans la grande maison où elle est installée et qu’elle partage avec un couple de maraîchers. De mai à septembre, elle accueille durant une semaine des woofeu·ses inscrit·es sur le site internet. La demande est grande, alors anticipez !
Côté Pain, sylvie.bricard@free.fr, tél. : 03 85 50 29 10, 06 52 03 53 77.
• La commune de Tramayes en transition énergétique : un peu plus de 1000 habitant·es, une chaufferie à bois qui alimente l’hôpital et des logements, un contrat d’électricité 100 % issue de l’hydraulique. Les choix sont forts et les idées se poursuivent. Prochain chantier : la mobilité.
Mairie, 29 rue Neuve 71520 Tramayes. Maire : Michel Maya. Accueil mairie : 03 85 50 51 18.
• Terre de Possibles, association liée à la SCIC Terre de Verger, un habitat partagé à Saint-Pierre-le-Vieux (Saône-et-Loire) : regroupe actuellement 3 foyers. Conçu comme lieu d’accueil pédagogique en 2005 sur un terrain d’1 hectare, planté en verger dit « au naturel » afin de servir de base pédagogique auprès des scolaires. Le lieu cherche aujourd’hui des personnes prêtes à s’y installer (logement disponible) et à relancer l’entretien du verger et l’accueil.
Terre des possibles, La Place, 71520 Saint-Pierre-le-Vieux, www.terre-de-possibles.org, association.terredepossibles@gmail.com.