Nos territoires de référence (pays, départements, etc.) découlent aujourd’hui de décisions historico-politico-administratives. Le biorégionalisme propose une autre organisation autour des régions naturelles : bassin irrigué par une rivière ou un fleuve, massif montagneux avec ses sommets et ses vallées, ou encore littoral, sans oublier les villes présentes dans ces régions naturelles. Le biorégionalisme développe toute une réflexion sur la complémentarité entre villes et campagnes et leurs besoins réciproques de s’interpénétrer.
Indépendance, ouverture, frugalité
Les biorégions, si nous les mettions en œuvre, pourraient révolutionner tous les domaines de nos vies, de nos systèmes économiques, politiques et culturels. Elles conduiraient, et ce n’est pas rien, à la fin des états-nations et de leurs frontières. Ensuite, les vies quotidiennes seraient recentrées sur des territoires où tout, ou presque, se trouverait : logements, emplois dans le cadre de systèmes économiques locaux, production des aliments et des biens essentiels, services divers (transports, éducation, santé, loisirs), monnaies, etc. Les biorégions visent en effet l’indépendance maximale… au risque de récréer d’autres logiques identitaires. Toutefois, indépendance maximale ne signifie pas autarcie et encore moins repli sur soi. Les biorégions fonctionneraient avec des échanges mutuels constants et soutenus.
Autre condition sine qua non de la biorégion : la frugalité, la prise en compte constante des limites des ressources au sein des écosystèmes. Ainsi le biorégionalisme intègre l’essence même de l’écologie et de la décroissance. Il refuse les logiques de profit et de compétition et s’inscrit nettement dans l’anticapitalisme.
Un nouveau rapport au monde
Imaginées à partir de mouvances plutôt libertaires, les biorégions fonctionneraient avec le moins d’état possible, le moins de hiérarchie possible. La responsabilisation de chacun et chacune serait rendue possible par la taille réduite des biorégions.
Enfin, le biorégionalisme est aussi issu de l’écologie profonde. Partant d’une interrogation sur notre rapport au monde, il invite à penser une nouvelle façon de l’habiter. Habiter devient la recherche d’une harmonie amicale avec les lieux, entre l’ensemble de leurs hôtes humain·es et non humains.
Le biorégionalisme constitue donc une proposition ambitieuse, englobant la totalité de nos activités et systèmes humains, qui revendique des orientations politiques et philosophes marquées. Il pose inévitablement nombre de difficultés. Pour l’instant, Il reste théorique et utopique mais, nous le savons bien, quoi de plus pratique qu’une bonne théorie, quoi de plus fécond qu’une belle utopie ?