Le biorégionalisme est une idée apparue à la fin des années 1960, en même temps que se développait ce qui allait devenir le mouvement écologiste. Mode d’organisation alternatif de la société, il aborde d’abord la question du territoire et de nos échelles d’organisation. La biorégion s’appuie sur l’idée que l’on pourrait délimiter des régions autour de limites géographiques prenant en compte aussi bien les communautés humaines que les écosystèmes. Sortir des frontières administratives actuelles, expérimenter la perméabilité des écosystèmes et se réapproprier nos manières d’habiter : une idée alléchante, qui a pourtant du mal à se concrétiser.
Ce concept est-il vraiment une idée originale ou est-ce une autre façon de présenter l’écologie ? Est-ce une notion émancipatrice ou conservatrice de l’écologie ? À Silence, nous nous étions interrogé·es de la même façon avec l’arrivée de la permaculture, terme en provenance de l’Australie (1).
Dans ce dossier, nous vous présentons tout d’abord le biorégionalisme à partir du livre de Kirkpatrick Sale, avant d’aller à la rencontre de Thierry Paquot ; qui exprime son souhait d’un biorégionalisme urbain. Avec Mathias Rollot, éditeur et traducteur du livre de Kirkpatrick Sale, nous essaierons de faire le lien avec d’autres influences de l’écologie, en particulier celle de l’écologie sociale de Murray Bookchin (2).
Alors que la permaculture se développe à toute vitesse et a enfanté le mouvement de la transition (3), le biorégionalisme n’a pas encore de relais concret sur le terrain, mais peut-être est-ce en devenir ?
Michel Bernard
(1) Perma-culture, Bill Mollison et David Holmgren, Debard, 1986 (édition originale : 1978)
(2) The Philosophy of Social Ecology, 1990
(3) Voir Le Manuel de transition, Rob Hopkins, Écosociété et Silence, 2010