« C’est comme un espace de coworking sauf qu’à la place des bureaux, on a des établis », sourit Benjamin Danjou. L’idée a germé dans son esprit et dans celui d’Ervin Bernardin. Pour penser l’endroit et son fonctionnement, ils ont monté un collectif, puis une association et ont rejoint l’incubateur spécialisé en économie sociale et solidaire, Tag 35. « Lorsque le projet s’est vraiment lancé, on s’est transformé en coopérative. »
Comme un établi a ouvert ses portes début septembre 2020. L’endroit regorge déjà de machines, d’outils et de matériel. Camille Esselin, métallier, cherchait un endroit où installer son atelier, autour de Rennes. « Je trouvais des lieux, mais c’était cher. » « Être ici me permet d’être plus précis, d’utiliser des machines que je n’aurais pas pu m’acheter. Individuellement, c’est trop d’investissement, surtout au début », complète François Oran, charpentier.
Actuellement, ils et elles sont neuf à venir tous les jours : une bijoutière, des métalliers, une abat-jouriste, un chaudronnier, une restauratrice d’objets d’art, un ébéniste… Les artisan·es doivent payer un loyer allant de 290 à 450 euros selon la taille des machines utilisées. Il est aussi possible de réserver un box pour bénéficier d’un espace de stockage plus grand.
Un fonctionnement collectif
Edvin, Benjamin et Pauline sont salarié·es de la coopérative, et se chargent d’animer le lieu, d’aider les artisan·es, font la maintenance des machines, etc. Ce sont les professionnel·les investi·es dans Comme un établi qui se sont chargé·es de la majorité de l’aménagement du bâtiment et qui participeront aux travaux à venir.
Un règlement a été décidé collectivement au départ. L’endroit est réservé aux professionnel·les de 9 h à 18 h 30 en semaine. Il pourrait être ouvert aux particuli·ères, certains soirs et le samedi, en 2021.
Les copeaux de bois sont récupérés et donnés pour des composts collectifs ou des toilettes sèches. La mutualisation des machines et des outils permet aussi de limiter les achats. « Par exemple, sur toute la durée de sa vie, en moyenne, une perceuse va être utilisée douze minutes, alors qu’elle est prévue pour des milliers d’heures. Là, on a des machines pour le bois, chaque artisan·ne va l’utiliser quelques fois dans l’année. On a aussi un camion mutualisé pour celles et ceux qui en ont besoin de temps en temps pour faire des livraisons. »
Ensemble, les artisan·es échangent et coopèrent. Ils et elles créent même parfois de nouveaux prototypes. Dans son atelier, Stéphanie Arcay-Novo se penche sur la conception d’abat-jour originaux avec Wenceslas Gasse, chaudronnier. Tou·tes s’accordent à dire que l’ambiance est porteuse. « En période de semi-confinement, on est trop contents de pouvoir échanger entre nous pour savoir comment on s’organise, avec les client·es, les fournisseurs. »
Mathilde Sire
Article publié initialement sur Reporterre