Huit biorégions, population réduite de moitié
La première conjecture consiste à envisager une population de l’Île-de-France réduite de moitié en 2050, notamment sous l’effet d’exodes urbains massifs. La population est donc ramenée à 6, 5 millions d’habitant·es. Ce point, qui conditionne tout le reste du scénario, est donc particulièrement critique.
L’Île-de-France est organisée en huit biorégions dont la Plaine de France, Brie-Marne, Brie champenoise, Gâtinais et Beauce. Paris est découpé en quatre zones, chacune couplée avec l’une de ces régions proches. Selon l’un des principes essentiels du biorégionalisme, les zones urbaines sont moins peuplées et les zones rurales davantage.
Autosuffisance alimentaire
L’autosuffisance alimentaire est atteinte au niveau de l’ensemble de l’Île-de-France grâce à un changement radical des modes d’alimentation et à l’adoption d’une agrobiologie tournée vers le trio traditionnel : maïs, haricots, courges. Ce régime est complété par les produits d’une permaculture maraîchère. Les sols bitumés pour la voiture et les zones commerciales ont été rendus à nouveau cultivables. La moitié de la population participe à l’agriculture.
Sobriété énergétique drastique et « basse-tech »
La région a effectué une descente énergétique et technologique considérable. L’énergie est renouvelable et la société se réadapte à l’intermittence. Ainsi, les quelques trains encore en circulation ne fonctionnent pas toujours. Ils sont plus lents, transportent à la fois passagers et marchandises.
Les nouveaux modes de vie nécessitent beaucoup moins de transports qu’auparavant. Les déplacements se font surtout à pied et à vélo. La navigation fluviale à voile et à rame, ainsi que la traction animale, ont repris une place de premier plan.
Municipalisme écologique
Dans une France devenue fédérale, les biorégions exercent localement tous les pouvoirs, y compris ceux de lever des impôts, organiser des élections ou assurer la sécurité. Un municipalisme écologique inspiré par Murray Bookchin constitue le cadre de l’organisation politique. Les huit biorégions forment un réseau dense d’échanges et de solidarités. Avec le « droit à la mobilité », toutes les personnes migrantes sont en situation régulière et la fluidité règne.
Ce scénario, développé sur quelque 250 pages, entre dans le détail et la quantification pour certains domaines mais fait l’impasse sur d’autres. Sil est critiquable sur nombre de points, il a toutefois le mérite d’illustrer de façon concrète une mise en œuvre des principes du biorégionalisme : relocalisation politique, économique et sociale, frugalité solidaire et conviviale, autonomie et résilience.
Danièle Garet
(1) l’Institut Momentum est un « laboratoire d’idées » dans les domaines de l’effondrement et de l’anthropocène. Le Forum Vies Mobiles travaille sur les transports et les mobilités du futur.
Biorégion 2050. L’Île-de-France après l’effondrement, Yves Cochet, Agnès Sinaï, Benoît Thévard, Institut Momentum et Forum Vies Mobiles, 2019