D’emblée le rapport nous assène des chiffres qui donnent le tournis. Ainsi on apprend que de 631 000 à 827 000 virus inconnus présents dans la nature pourraient affecter l’espèce humaine. Pour le Dr. Peter Daszak, président de l’atelier de l’IPBES ayant produit le rapport, pas de doute : « Les mêmes activités humaines qui sont à l’origine du changement climatique et de la perte de biodiversité entraînent également le risque de pandémie par leurs impacts sur notre environnement. Des changements dans la façon dont nous utilisons la terre ; l’expansion et l’intensification de l’agriculture ; et le commerce, la production et la consommation non durables perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune, le bétail, les agents pathogènes et les humains. C’est la voie vers les pandémies ».
On ne peut pas être plus clair, mais pour l’IPBES il n’y a pas de fatalité et « le risque de pandémie peut être considérablement réduit en réduisant les activités humaines qui entraînent la perte de biodiversité, par une plus grande conservation des aires protégées et par des mesures qui réduisent l’exploitation non durable des régions à forte biodiversité. Cela réduira le contact faune-bétail-homme et aidera à prévenir les retombées de nouvelles maladies ».
« Nous pouvons échapper à l’ère des pandémies »
Pour les scientifiques cela implique de privilégier une approche basée sur la prévention.« Nous comptons toujours sur les tentatives de contenir et de contrôler les maladies après leur apparition, par le biais de vaccins et de thérapies. Nous pouvons échapper à l’ère des pandémies, mais cela nécessite une attention beaucoup plus grande à la prévention en plus de la réaction » déclare ainsi le Dr Daszak.
Le rapport propose un certain nombre d’options politiques qui contribueraient à réduire et à lutter contre le risque de pandémie comme :
• Lancer un conseil intergouvernemental sur la prévention des pandémies afin de fournir aux décideurs les meilleures données scientifiques.
• Institutionnaliser l’approche « Une seule santé » (2) dans les gouvernements nationaux pour renforcer la préparation aux pandémies.
• Développer et intégrer des évaluations de l’impact sur la santé des risques de pandémie et de maladies émergentes dans les grands projets de développement et d’utilisation des terres.
• Permettre des changements pour réduire les types de consommation, l’expansion agricole mondialisée et le commerce qui ont conduit à des pandémies.
La pandémie qui nous frappe actuellement n’est donc pas une fatalité et des politiques de prévention intégrant l’environnement bien menées peuvent permettre d’éviter que d’autres nous frappent plus durement encore à l’avenir. Nous sommes à la croisée des chemins…
François Veillerette
www.generations-futures.fr
(1) https://ipbes.net/pandemics
(2) Le concept « Une seule santé » a été introduit au début des années 2000, synthétisant en quelques mots, une notion connue depuis plus d’un siècle, à savoir que la santé humaine et la santé animale sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent. Elle vise notamment à mieux affronter les maladies émergentes à risque pandémique.