Cet ouvrage est le résultat de plusieurs années d’enquêtes sociologiques et citoyennes sur deux quartiers qui résistent tant que faire se peut au syndrome de la métropolisation des villes et de la gentrification des quartiers. Le premier quartier représenté se trouve être celui “Des murs aux pêches” à Montreuil (93). Les auteur-es, loin de s’arrêter à une approche superficielle des lieux et prenant une certaine distance avec les politiques éco-responsables qui invisibilisent les quartiers populaires, laissent parler les usagè·res et habitant·es. De l’histoire de cette enclave faite à l’origine de cultures et qui a doucement glissé vers un abandon aux usages les plus toxiques, il s’avère qu’aujourd’hui, les occupants manient diversités culturelles et de pratiques. Ce sinueux fourre-tout voit germer une population qui, entourée de pestilences politiques et environnementales, s’affaire à cultiver son jardin et ses forces pour conserver les multiples vestiges d’un foisonnement humain. Le second quartier au sein duquel les auteur·es partent gratter l’univers quotidien est celui de Saint-Léonard à Liège (Belgique). De son passé industriel et d’immigrations diverses, une identité spécifique, issue entre autres de l’énergie militante d’ouvrier·es espagnol·es anti-franquistes, s’est immiscée dans les artères du quartier et de ses habitant·es. Un peu comme si une certaine utopie avait trouvé son terreau en ces terres arides depuis l’enlisement de l’industrie et le fort taux de chômage endémique à ce quartier.
Illustrations de Pierre Bailly, éd. D’une Certaine Gaîté, 2020, 200 p., 16 €