Dans le domaine de l’habitat, selon les données de l’ADEME, en mars 2020, sur 7,9 millions de logements ayant fait l’objet d’un diagnostic thermique, seuls 686 398 (8,7 %) ont un niveau de classement A, c’est-à-dire proche des normes passives (1).
Si à partir du 1er janvier 2021, toutes les nouvelles constructions devront être classées « à énergie positive », c’est-à-dire mieux que A, le renouvellement du bâti - moins de 2 % par an - ne peut seul permettre d’arrêter le gaspillage énergétique.
Les collectivités publiques doivent mettre en place le financement
Depuis maintenant les années 1970, des aides sont accordées pour l’isolation, mais cela ne permet pas d’avancer suffisamment vite. Plusieurs plusieurs raisons à cela : la complexité pour obtenir ces aides, en particulier dans le collectif ; le manque d’intérêt des habitant·es (les personnes de plus de 60 ans ont du mal à investir dans un domaine où il faudra souvent une vingtaine d’années pour se rembourser) ; et les difficultés architecturales.
Le risque est que le prix de l’énergie s’envole avant que l’isolation ne soit en place. Dans ce contexte, les bâtiments anciens (avant les premières lois thermiques de 1974) deviennent inhabitables, provoquant un phénomène de dégradation des centres-villes.
La solution serait que l’isolation soit prise en charge par les collectivités publiques, celles-ci se remboursant ensuite en touchant un loyer égal aux économies réalisées (2). Les habitant·es n’ont ainsi pas à supporter les investissements nécessaires, tandis que les collectivités peuvent contrôler le bon respect des enjeux patrimoniaux.
Isoler avec des matériaux de bonne qualité
Un autre enjeu important est celui des matériaux utilisés pour l’isolation. Les matériaux biosourcés, encore peu utilisés, présentent de nombreux avantages. En France, il existe notamment des filières de chanvre, de paille et de bois pour l’isolation. En plus de présenter un meilleur impact environnemental que les isolants industriels de base, ces trois matériaux permettent de très bonnes performances énergétiques et thermiques et absorbent bien l’humidité. Pour l’instant, leur coût est plus élevé que les isolants pétrochimiques. Mais les filières prennent en importance. Au coté du montage financier, les élu·es peuvent mettre en place un cahier des charges qui respecte au mieux les critères écologiques.
Michel Bernard
(1) La suite est malheureusement pire : 13,1 % classés B, 16,9 % classés C, 29,4 % classés D, 20,1 % classés E et même 10,9 % au-delà !
(2) Cela se fait déjà pour les logements sociaux locatifs.