Chronique Féminismes L’Écho féministe

« Féminisme et vie en pleine nature » : oser, essayer, construire en auto-gestion

Fanny Hugues, Lorraine Gehl

« Tu as envie d’allumer un feu sans qu’un mec ne te prenne la boîte d’allumettes des mains ? Tu rêves d’apprendre à fabriquer des constructions pour bien vivre dans les bois ? Tu aimerais nous transmettre tes savoir-faire manuels et féministes ? ». Ainsi commençait l’appel d’un week-end invitant à se réunir les 11, 12, 13 septembre 2020 en mixité choisie entre meufs et mecs trans en Haute-Garonne, dans une forêt appartenant à une coopérative d’habitant·es. Désigné sous le nom de « féminisme et vie en pleine nature », il nous a permis d’expérimenter, à vingt-cinq, un camp en autogestion articulé autour du partage de savoir-faire manuels.

Différentes activités ont ponctué ces deux jours : construction de meubles en palettes, démonstrations de plusieurs techniques pour allumer un feu, conception et fabrication d’une table en bois fraîchement tronçonné, cuisine collective, balade botanique, veillées, autodéfense, chants et lectures féministes.
Pour concrétiser cette intention d’autogestion, un tableau blanc était mis à disposition, que chacun·e pouvait remplir avec ses idées et ses propositions, tout en s’inscrivant aux différentes tâches nécessaires à la vie du camp. Les ajouts étaient ensuite discutés lors de conseils, tenus deux fois par jour, et pendant lesquels la suite du programme était décidée en fonction des envies collectives. Entre continuer la table commencée la veille, profiter du beau temps pour découvrir les plantes environnantes, et ajuster les points d’organisation aux besoins exprimés, tout était ainsi constamment rendu possible par l’investissement de toutes et tous les participant·es au quotidien.
La particularité de ce week-end résidait avant tout dans le cadre qui était proposé pour exprimer et vivre nos féminismes. Il nous a ainsi offert la possibilité de se transmettre et de s’approprier des savoir-faire manuels, auxquels beaucoup d’entre nous n’avaient que peu, voire pas, eu accès auparavant. Chacun·e a pu mettre ses compétences au service des autres, en animant un atelier. L’une d’entre nous a mis à disposition des palettes, ses outils ainsi qu’un livre de conseils techniques pour que celles et ceux qui le souhaitaient réalisent un meuble à ramener chez soi. Elle passait entre les groupes d’entraide qui s’étaient formés autour de quelques réalisations pour accompagner les gestes des participant·es et répondre à d’éventuelles questions, quelquefois par la démonstration. Parallèlement, un groupe décidait du modèle de table qui serait le plus pratique à adopter, et se dirigeait vers la forêt pour récupérer les troncs préparés la veille.
Ces deux jours ont surtout alimenté l’envie de reproduire cette expérience sur un temps plus long pour poursuivre toutes les discussions et les réalisations entamées, et concrétiser de nouveaux projets. En attendant, chacun·e repart avec la satisfaction d’avoir osé essayer de faire des choses – un acquis à réincorporer dans nos quotidiens.

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