Mais si des mesures sont prises, ici et là, pour soutenir les employé·es de diverses industries, trop peu d’initiatives concernent les travailleur·ses domestiques, soit 67 millions de personnes dont 80% de femmes, surtout en Asie et en Amérique Latine… mais aussi en France (d’après une étude de l’Organisation internationale du travail en 2016).
Ces « travailleuses de l’ombre », employées au domicile de particuliers pour l’entretien de leur maison ou le soin des enfants et des personnes fragiles, sont pourtant très exposées au virus et durement touchées par les mesures de confinement. Elles sont d’autant plus vulnérables que 90 % d’entre elles travaillent sans contrat ni protection sociale et que bien des pays les excluent encore de leur législation du travail.
Des conditions de travail dégradées
Celles qui ont conservé leur emploi voient leur charge de travail augmenter. D’après le syndicat Sitradomsa, au Guatémala, les familles « veulent que tout soit plus propre qu’avant l’épidémie ». De nombreuses personnes ont été contraintes de se confiner avec la famille qui les emploie, sous peine de perdre tout revenu, et leur journée de repos hebdomadaire n’est plus respectée.
Au Brésil, l’un des premiers décès est celui d’une employée de maison dont les employeurs revenaient d’Italie. Mais trop peu d’employeurs envisagent les choses sous cet angle et prennent des mesures de protection. Beaucoup de familles craignent, au contraire, de contracter le virus de la part de leur employée et les comportements discriminants ou racistes se multiplient.
La Fédération internationale des travailleur·se·s domestiques alerte enfin sur la recrudescence du harcèlement et des violences au travail et sur la situation des employées migrantes, souvent sans titre de séjour ou privées de leur passeport : celles qui ont perdu leur place ne perçoivent aucune indemnité et se trouvent piégées par la fermeture des frontières !
Prenons soin de celles qui prennent soin de nous
En France et dans le monde, ActionAid France appelle donc les gouvernements à :
• engager un dialogue avec les syndicats pour mettre en place des programmes d’aide d’urgence accessibles aux travailleur·ses domestiques, avec ou sans titre de séjour,
• fournir des équipements de protection sanitaire et former l’ensemble des travailleuses domestiques, maintenir le salaire et l’emploi de celles qui sont en quarantaine et respecter, d’une manière générale, les Conventions 189 et 190 de l’Organisation internationale du travail pour leur garantir les mêmes droits qu’aux autres travailleur·ses,
• mettre en place des mesures de contrôle et de sanction des employeurs défaillants, et des dispositifs d’alerte facilement accessibles en cas d’abus.
Joaquin Soulez