Le virage vers une culture biologique a été pris alors que ses vigneron·nes, qui composent majoritairement le paysage agricole de la région, étaient en difficulté économique. « Le vin que nous produisions n’intéressait plus », dit Michaël Latz, maire depuis 1995. « J’ai proposé à la coopérative de passer en bio en 1995. À l’époque, beaucoup dans le département nous ont pris pour des fous ». Fabien Mistre, président de la cave coopérative 100 % bio, se félicite de l’arrivée de nouveaux paysans ces dernières années. Chevrièr·e, apicult·rice ou encore maraîchèr·e bio, tou·tes ont été séduit·es par cette initiative et sont venu·es s’installer sur les terres communales, rajeunissant la population au passage. Léa Brunet, éleveuse de poules pondeuses et poulets de chair, partage cette conscience écologique. « Le bio était une évidence. À Correns, les paysans sont soutenus par la population et par la municipalité », dit la trentenaire.
Une biodiversité cinq fois plus riche que dans les villes voisines
Cette étiquette « bio » a incité d’autres chef·fes d’entreprises à s’installer dans la bourgade, à l’image d’une coiffeuse. Elle a fait le pari d’utiliser des produits naturels comme des colorations végétales il y a une dizaine d’années. « Pour moi, le bio c’est un ensemble, cela passe aussi par l’écoconstruction », enchérit le maire, qui montre dans une salle de réunion de la mairie les murs recouverts de peintures issues de colorants naturels. De plus, la pose de 4 000 mètres carrés de panneaux solaires rend la commune électriquement autonome. L’école a même été certifiée « éco-école » par l’Éducation nationale pour son programme pédagogique sur l’environnement.
Cela se traduit notamment dans les assiettes des 80 élèves. La cantine sert des repas à 70 % bio et souvent végétariens. « Apprendre aux enfants à bien manger est essentiel, affirme le maire. C’est la façon dont on nourrit les jeunes qui déterminera la société de demain. À chaque repas, on leur explique d’où viennent les aliments et ils apprennent à ne pas gaspiller en pesant leurs déchets. »
Mais le conseil municipal n’est pas seul à porter à bout de bras cette politique durable. La cinquantaine de membres de l’association de démocratie participative Agenda 21 a mis en place des jardins partagés gratuits sur 1 500 mètres carrés et a permis l’installation d’un système de diminution de l’éclairage public dès 22 heures, qui consomme deux fois moins d’électricité qu’auparavant.
Toutes ces initiatives ont transformé les paysages de Correns, qui présente une biodiversité cinq fois plus riche que dans les villes voisines, selon l’ Institut Méditerranée de biodiversité et écologie. L’élimination des produits phytosanitaires et insecticides a permis une grande richesse d’espèces animales et végétales. « Regarde ces orchidées rares au milieu des plants de vigne, montre Marie, une habitante. C’est quelque chose que nous ne pouvions pas voir avant. »
Lilas-Apollonia Fournier
Pour aller plus loin : Silence, n°342, janvier 2007, « Correns, premier village bio de France », Michel Bernard, p.28
Texte inititialement paru sur www.reporterre.net