Ce n’est pas tous les jours que nous avons l’occasion de nous associer à une mobilisation issue du Sud, qui englobe à la fois les combats pour la justice sociale, l’écologie, les droits paysans, la place des femmes, la remise en cause des frontières et l’éducation, en allant « du bas vers le haut ». Le tout, fortement inspiré d’une vision gandhienne de transformation de la société, du pouvoir, de l’économie par la non-violence.
C’est pourtant tout cela que porte Jai Jagat, « la victoire du monde », mobilisation d’ampleur mondiale initiée et portée par le mouvement gandhien Ekta Parishad en Inde.
À travers une marche de Delhi à Genève, siège de nombreuses organisations de l’Organisation des Nations unies (ONU), et des initiatives dans de nombreux pays, l’objectif est multiple. Il s’agit à la fois d’organiser des formations et des rencontres pour la paix, de constituer une sorte de forum social itinérant, et enfin d’aller dialoguer avec les organisations internationales pour peser sur les règles du jeu de la mondialisation. Une suite gandhienne aux rassemblements altermondialistes nés à la fin des années 1990 ? L’occasion en tout cas de relancer les débats autour du rôle des organisations internationales telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Et cette campagne d’une ambition immense, préparée depuis des années, ce sont quelques dizaines de marcheu·ses issu·es de nombreux pays qui ont été en charge de la porter, au rythme de leurs pas et de leurs rencontres. Certes, la trajectoire de la marche a été contrainte par les aléas géopolitiques et par le coronavirus, qui l’a obligée à marquer un arrêt en Arménie. Mais la petite musique de Jai Jagat est quand même parvenue à se faire entendre auprès des oreilles attentives. Et une convergence de différentes marches reste prévue à Genève autour du 26 septembre 2020, après des initiatives ayant lieu du Népal à l’Iran, du Sénégal à la Suède, de Bruxelles à Lyon et à Birmingham.
Après de nombreux articles consacrés à ce sujet (1), ce dossier de Silence, réalisé en partenariat avec Non-Violence XXI, apporte des éléments pour nourrir la réflexion et la mobilisation autour de Jai Jagat et de ses suites.
Guillaume Gamblin
(1) Voir les articles parus dans les nos 477, 480, 482, 486 et 490 de Silence, ainsi que les chroniques de la marche mondiale parues de janvier à mai 2020, disponibles sur le site www.revuesilence.net